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La Grèce pointée du doigt pour des refoulements cachés de migrants

Des migrants au large de Lesbos (Grèce), accompagnés d’un navire de Frontex, en février 2020. MICHAEL VARAKLAS / AP

« C’est un miracle d’être arrivée en vie jusqu’en Grèce ! » Au milieu des détritus et sans eau courante, dans un recoin boueux du camp de Vathy, sur l’île grecque de Samos, Fayza, réfugiée palestinienne, est étrangement soulagée et souriante. Le 21 avril, après une traversée en mer éprouvante, elle débarque à 6 h 30 sur la plage de Psili Ammos, dans le sud-ouest de Samos, avec vingt-huit autres passagers. Cette maman et ses trois enfants de 11, 12 et 15 ans seront les seuls à pouvoir déposer une demande d’asile en Grèce. Leurs compagnons d’infortune ont tous été renvoyés de force en Turquie par les autorités grecques. Par la mer.

Depuis mars 2020, lorsque Ankara a menacé de laisser passer en Grèce et en Europe des milliers d’exilés bloqués en Turquie, ces retours forcés opérés par les garde-côtes grecs se sont intensifiés, et les candidats à l’asile se sont donné le mot : il ne faut plus désormais appeler le numéro de la police portuaire lorsqu’ils pénètrent les eaux territoriales grecques, mais une ONG norvégienne, Aegean Boat Report (ABR). « Malheureusement, toutes les arrivées précédentes à Samos cette année ont fait l’objet de refoulements illégaux. Six opérations de refoulement concernant 326 personnes ont été réalisées en 2021 depuis Samos, souligne ABR. Nous allons continuer de cacher certaines informations à la police portuaire jusqu’à ce que le gouvernement grec mette fin à cette pratique. »

Samos n’est pas la seule île concernée par ces pushbacks, au point que la Grèce fait désormais l’objet de critiques récurrentes. « Entre janvier 2020 et mars 2021, le HCR [Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés] a documenté environ 300 incidents signalés de pushbacks et d’expulsions illégales autour des îles de la mer Egée et de la frontière terrestre de l’Evros, note Mireille Girard, représentante du HCR en Grèce. Nous avons compilé des informations et croisé des sources variées, comprenant autant que possible des témoins des événements et des personnes qui ont elles-mêmes été victimes. »

Justification implicite

Recoupements à l’appui, l’agence onusienne demande à Athènes d’enquêter sur ces refoulements et appelle « les pays européens, y compris la Grèce, à respecter leurs engagements en matière de protection des réfugiés en admettant les demandeurs d’asile à leurs frontières, en les secourant en mer et en permettant le débarquement et l’enregistrement de nouveaux demandeurs d’asile ». Le 3 mai, Dunja Mijatovic, commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, a elle aussi adressé une lettre au gouvernement grec, afin de lui demander « instamment » de mettre fin à des actions en rupture avec « l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme et l’interdiction du refoulement dans la Convention des Nations unies sur les réfugiés ».

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