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En Italie, les nouveaux migrants sont laissés loin des regards

Des migrants font la queue sur le quai pour faire vérifier leur température avant d’embarquer sur le navire « GNV Azzurra » pour subir une période de quarantaine après avoir été transférés du centre pour migrants sur l’île sicilienne de Lampedusa, dans le sud de l’Italie, jeudi 13 mai 2021. SALVATORE CAVALLI / AP

En ce début de belle saison, le temps est encore un peu incertain. Aussi, faute d’informations officielles, le meilleur moyen de se tenir informé de la situation dans le canal de Sicile est-il de consulter la météo marine. Depuis le milieu de la semaine, la visibilité est mauvaise, mais la mer est d’huile. Aussi les départs de migrants depuis les côtes africaines en direction de l’Europe se sont-ils soudain faits beaucoup plus nombreux.

« Au fond c’est très prévisible, et c’est pareil été comme hiver, explique le Français José Benavente, de l’ONG Pilotes volontaires, qui multiplie les sorties au-dessus de cette zone de la Méditerranée depuis 2018 dans le but de détecter des embarcations en détresse. Dès qu’il y a plusieurs jours de calme, les bateaux partent en masse des côtes africaines. » Après huit sorties en deux semaines, le petit avion de l’ONG devait repartir à l’aube, samedi matin, pour essayer de retrouver une petite embarcation avec à son bord 14 personnes. Le canot dérive en mer depuis trois jours, les informations sont minces et les espoirs de retrouver sa trace s’amenuisent d’heure en heure.

Actuellement, dans la zone, il n’y a plus aucun navire d’ONG. Le petit bateau humanitaire espagnol Aita-Mari, qui a secouru ces derniers jours 50 migrants en détresse, a atteint sa jauge limite, et il a dû faire route vers le nord pour se voir assigner un lieu de débarquement, tandis que le Sea-Eye-4 est immobilisé pour quarantaine après avoir débarqué 415 demandeurs d’asile dans le port sicilien de Pozzallo le 20 mai – les navires commerciaux qui secourent en mer des migrants sont dispensés de cette mesure sanitaire, mais les autorités italiennes n’ont manifestement pas envie d’être aussi accommodantes avec les humanitaires. Quant au nouveau navire affrété par l’ONG Médecins sans frontières, le Geo-Barents, il n’arrivera pas avant quelques jours.

Arrivées « en autonomie »

Aussi, dans ce contexte d’absence d’observateurs dans la zone, l’activité de l’ONG Pilotes volontaires est-elle encore plus précieuse pour tenter d’appréhender la réalité de la situation. Selon les données compilées par le ministère de l’intérieur, depuis le 1er janvier, l’Italie a accueilli dans ses ports plus de 14 000 migrants. C’est beaucoup plus qu’en 2020 (5 000 arrivées) ou en 2019 (1 490 débarquements), mais cela reste très inférieur aux niveaux de la période 2013-2017, au plus fort de la crise des migrants. Comment expliquer cette hausse récente ? « Je ne crois pas que ce soit dû à un quelconque relâchement des Libyens opérant dans la zone, mais c’est tout simplement qu’il y a beaucoup de départs. Or quand il y a plusieurs bateaux qui tentent leur chance en même temps, ils ne peuvent pas être partout… Pourtant il y a une très importante activité de surveillance des avions européens et des drones de Frontex, mais ça ne suffit pas », poursuit le pilote.

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