C’est la seule entorse, légère, à un scénario bien rôdé. Alors que la Russie assure que les annulations de vols de compagnies européennes vers son territoire, survenues ces derniers jours, ne sont que le résultat de « problèmes techniques », Alexandre Loukachenko vend la mèche, trop heureux de montrer sa reconnaissance : « Heureusement que la Russie refuse les avions qui contournent la Biélorussie… Ça, ils l’ont tout de suite senti ! »
« Ils », ce sont les Occidentaux qui persécutent injustement le président biélorusse et veulent « l’étouffer » depuis qu’il a forcé un avion de la compagnie irlandaise Ryanair à atterrir sur son territoire pour arrêter un opposant, le 23 mai. Sur ce point, celui de l’hypocrisie européenne, Alexandre Loukachenko et Vladimir Poutine sont parfaitement d’accord. « L’avion du président bolivien, à l’époque [en 2013, l’appareil dans lequel voyageait le chef d’Etat Evo Morales, de retour de Moscou, avait été détourné vers l’Autriche], ils l’ont forcé à atterrir… et puis rien, silence ! », s’amuse le président russe dans un extrait retransmis par la télévision.
Lors de leur troisième rencontre de l’année, vendredi 28 mai à Sotchi, sur les bords de la mer Noire, les deux présidents se sont surtout attachés à faire de cet épisode qui a suscité une émotion importante dans le monde un non-événement. « Je vous ai amené quelques documents pour que vous compreniez de quoi il retourne », propose pourtant M. Loukachenko en désignant une petite mallette qu’il a posée à côté de son fauteuil, sans provoquer une curiosité excessive chez son interlocuteur.
De quoi pourrait-il être question, puisque le Kremlin a encore répété, jeudi, qu’il n’avait aucune raison de douter des explications de Minsk, qui soutient avoir dérouté l’avion uniquement à cause d’une alerte à la bombe du mouvement palestinien Hamas – reçue pourtant après qu’un chasseur eut décollé pour l’intercepter –, sans savoir que l’opposant et journaliste Roman Protassevitch se trouvait à bord ? En Russie, le sujet a en grande partie disparu des médias.
L’importance donnée au thème de « l’intégration »
Comme pour mieux afficher son soutien, M. Poutine a même fait preuve d’une chaleur inhabituelle envers son hôte, lui proposant d’aller nager dans les eaux de la mer Noire. M. Loukachenko a beau se considérer « au front », comme il l’a dit, la proposition a été acceptée. Evacué le non-sujet du vol Ryanair et, passées les politesses, les deux hommes en sont venus aux choses sérieuses – la « bonne tendance du commerce bilatéral » et l’approfondissement de « l’intégration » entre les deux pays, thème principal mis à l’ordre du jour de la rencontre.
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