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« Les frontières sont devenues des espaces de brutalisation des exilés et de non-respect des droits humains, pour des enjeux politiciens »

Tribune. Le 22 avril, deux maraudeurs solidaires comparaissaient devant le tribunal de Gap (Hautes-Alpes) pour « aide à l’entrée en France de personnes en situation irrégulière », après avoir été interpellés le 19 novembre 2020 dans la montagne alors qu’ils étaient en train de porter secours à une famille afghane qui venait de franchir la frontière avec l’Italie. La décision des magistrats a été mise en délibéré au 27 mai.

Ce même jour, à Grenoble, aura lieu le jugement en appel des « sept de Briançon », condamnés le 13 décembre 2018 en première instance à des peines allant de six à douze mois d’emprisonnement, dont quatre ferme dans ce dernier cas. Ils étaient accusés d’avoir « facilité l’entrée de personnes illégales sur le territoire français » lors d’une manifestation organisée le 22 avril 2018 par des citoyens du Briançonnais pour dénoncer les violences commises à l’encontre de migrants par le groupuscule d’extrême droite Génération identitaire, dissous depuis lors, et dénoncer la militarisation croissante des frontières.

Depuis cinq ans, des hommes, des femmes, des mineurs isolés, des familles avec des nourrissons et des enfants s’efforcent de franchir la frontière par le col de Montgenèvre, à 1 800 mètres d’altitude, au péril de leur vie. Ils fuient souvent des guerres et des violences dans la zone sahélienne, la Corne de l’Afrique ou le Moyen-Orient. Ils sont partis depuis plusieurs années, traversant le Sahara et la Méditerranée pour les uns, en suivant la route des Balkans pour les autres, affrontant les attaques de réseaux mafieux, les exactions des polices, les brutalités des milices, les prisons de Libye et les camps de Grèce. Ils sont prêts à prendre tous les risques pour aller jusqu’au bout d’un périple au cours duquel ils ont déjà vu mourir des compagnes et compagnons d’infortune.

Eviter des accidents, sauver des vies

Lors des premiers passages, des habitants des vallées voisines ont découvert ces exilés traversant la montagne dans la neige sans équipement, souffrant de gelures sévères obligeant à des amputations ou victimes de traumatismes provoqués par des chutes sur des pentes dangereuses. Gens de montagne, ils ne pouvaient rester les bras croisés devant de tels drames. Ils ont organisé des maraudes, c’est-à-dire sillonné les abords français des cols de l’Echelle et de Montgenèvre, au-dessus de Briançon, pour réduire les risques encourus par des personnes perdues dans la montagne. Ils ont ainsi évité des accidents, sauvé des vies et accueilli dignement des personnes.

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