Ne dites plus « variant indien » mais « B.1.617 ». Inquiète de la dégradation de son image dans le monde, l’Inde a donné l’ordre aux réseaux sociaux utilisés dans le pays, vendredi 21 mai, de retirer tous les contenus en ligne qui accolent l’adjectif « indien » au variant du coronavirus soupçonné d’avoir alimenté la gigantesque deuxième vague épidémique de Covid-19 qui submerge le sous-continent depuis le mois de mars.
Le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi en fait une question de principe, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’abstenant elle-même de lier les variants du SARS-CoV-2 à un lieu géographique précis.
« Nous avons appris qu’une fausse déclaration circule en ligne, selon laquelle un “variant indien” du coronavirus se propage dans tous les pays. C’est complètement FAUX », assène New Delhi en lettres majuscules, dans une lettre adressée, entre autres, aux dirigeants de Facebook, Twitter et Instagram – mais qu’ont pu lire l’agence Reuters et le site d’information indien The Wire.
Mesure inapplicable du régime autocratique
Une déclaration étonnamment tardive, alors que l’expression « variant indien » est employée depuis le mois de mars, comme sont employés les adjectifs « britannique », « brésilien » et « sud-africain » pour désigner les nouvelles souches du SARS-CoV-2 apparues ces derniers mois.
Dans le monde entier, la communauté scientifique, les responsables politiques et les médias font référence à ces nationalités, en rapport avec le pays où chacun des variants en question a été détecté pour la première fois. S’agissant du B.1.617, il a été repéré initialement le 5 octobre 2020 dans les environs de Nagpur, la ville située à l’exact centre géographique de l’Inde.
Selon le dirigeant d’un des principaux réseaux sociaux mondiaux concernés, cité anonymement par la presse indienne, il serait difficile de retirer tous les contenus utilisant l’adjectif « indien », étant donné qu’il y en a « des centaines de milliers ». En outre, cette mesure, si elle était appliquée, « conduirait à l’avenir à une censure basée sur les mots-clés ». Inapplicable, donc, elle montre à quel point le régime autocratique en place est sensible à sa réputation, au moment où la population commence à lui demander des comptes, le pays battant des records dramatiques.
Dimanche 23 mai, le pays a déploré officiellement plus de 300 000 morts du Covid-19, mais les experts s’accordent à dire que le bilan actuel est deux à trois fois plus élevé. Le nombre officiel de personnes détectées positives approchera bientôt, quant à lui, 30 millions, mais le nombre véritable de contaminations pourrait être dix fois supérieur, autour de 300 millions.
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