Le candidat de gauche Pedro Castillo fera-t-il du Pérou un second Venezuela ? La question, volontairement provocante, est caricaturale. Mais elle est devenue classique en Amérique latine, ce discours servant d’épouvantail agité par la droite pour discréditer la gauche. Au Pérou, M. Castillo, qui avait créé la surprise en arrivant en tête du premier tour de la présidentielle, le 11 avril, reste favori pour le second tour, prévu le 6 juin. Mais sa rivale de droite, Keiko Fujimori, le talonne désormais dans les sondages.
Présenté comme le dernier avatar du communisme, M. Castillo, un instituteur syndicaliste de 51 ans, menacerait l’équilibre démocratique et économique du pays. Il le « fera reculer de façon barbare », le rendant « encore plus pauvre qu’il ne l’est », tonne l’écrivain et Prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa dans une ardente tribune publiée dans le quotidien espagnol El Pais. Il lui préfère donc Keiko Fujimori.
La fille de l’ex-autocrate Alberto Fujimori (1990-2000), que Mario Vargas Llosa avait pourtant affronté dans les urnes en 1990, est poursuivie pour blanchiment dans l’affaire du financement occulte de ses précédentes campagnes électorales et risque trente ans d’emprisonnement. Héritière et farouche défenseuse du fujimorisme, un courant d’extrême droite populaire et autoritaire, chantre du néolibéralisme, Mme Fujimori serait un « moindre mal » aux yeux de l’écrivain.
Un avis largement partagé dans la presse nationale. Dans le quotidien El Comercio, aux mains du grand groupe conservateur du même nom, qui détient 80 % des journaux et plusieurs chaînes de télévision, les éditoriaux alarmistes se succèdent face à la possible victoire du candidat de gauche : « Chronique d’un désastre annoncé », « La démocratie en danger »… Dans les rues de Lima, la capitale, de mystérieux panneaux géants ont fait leur apparition, fin avril : « Pense à ton avenir, non au communisme », « Protège ton travail et ta liberté »…
Seconde vague de Covid-19
C’est dans cette ambiance polarisée que le vote se déroulera, dimanche 6 juin, alors que le Pérou n’est toujours pas sorti de la seconde vague de Covid-19 et que le mois d’avril 2021 a été le plus meurtrier depuis le début de l’épidémie.
M. Castillo, qui « a longtemps milité dans un parti de centre gauche, avant de se radicaliser un peu », a un programme qui veut surtout « donner plus de place à l’Etat », explique le chercheur Gustavo Pastor. M. Castillo propose ainsi un référendum pour modifier l’actuelle Constitution instaurée en 1993 par le gouvernement fujimoriste, qui a gravé dans le marbre le primat du secteur privé.
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