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« Une politique ambitieuse en matière de développement international implique la création d’un ministère »

Tribune. A l’occasion du passage en séance publique au Sénat du projet de loi de programmation relatif au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, la France a une occasion sérieuse de définir les nouveaux contours de sa politique d’aide au développement.

Présenté comme la grande loi du quinquennat en matière de solidarité internationale et de programmation, ce texte [adopté en première lecture par l’Assemblée nationale le 2 mars et modifié en première lecture par le Sénat le 17 mai] se présente au Sénat après de très nombreux retards. Nous y défendons plusieurs avancées, que ce soit sur la question des biens mal acquis, l’accompagnement et la protection des enfants ou dans le domaine de la santé, dont nous mesurons plus que jamais la dimension internationale à travers la pandémie actuelle.

Malheureusement, ce texte passe à côté de l’objectif principal de définition d’une politique ambitieuse en matière de développement international. En effet, il ne s’engage pas financièrement au-delà de 2022 : c’est un peu court pour une programmation pluriannuelle. Quant à la gouvernance, il s’agit de faire du président de la République, déjà maître des horloges, le pilote unique de l’aide publique au développement.

La France au 5e rang mondial

Tous les autres sont relégués, au mieux, au rang de personnels navigants. Alors que toutes nos sociétés sont traversées par de nouvelles formes de management, plus horizontales, plus transparentes, plus adaptables et agiles, cette loi propose la mise en œuvre d’un conseil de développement directement présidé par le président de la République. Sous le vernis de la modernité, s’agit-il en réalité d’un retour aux années 1960, notamment en matière de politique africaine ?

La solidarité internationale, ce ne sont pas seulement les 12,4 milliards d’euros engagés en 2020, qui placent la France au 5e rang mondial. C’est aussi une méthode qui devrait définir l’ensemble de cette politique. Cette dernière aurait dû être questionnée à l’occasion du passage de ce texte devant le Parlement. L’aide publique au développement est aujourd’hui opaque dans sa gouvernance.

Quasiment inconnue des Français, qui, pourtant, de par leur état de contribuable, sont les principaux donateurs et qui, par leur condition de citoyen, devraient être souverains éclairés. Lorsqu’on s’y penche, entre Bercy, le Quai d’Orsay, l’Elysée et tant d’autres intervenants, il est impossible de savoir qui fait réellement quoi.

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