Confrontée à des records quotidiens de morts liés au coronavirus et de contaminations, l’Argentine se reconfine pendant neuf jours. « Nous traversons le pire moment de la pandémie », a déclaré jeudi 20 mai le président, Alberto Fernández (centre gauche), en faisant état d’un « problème gravissime ». A partir de samedi 22 mai, les activités sociales, économiques, pédagogiques, religieuses et sportives présentielles sont mises à l’arrêt. Seuls les commerces essentiels gardent leurs portes ouvertes et la population est autorisée à sortir à proximité du domicile uniquement entre 6 heures et 18 heures. Ces restrictions valent pour les zones classées à risque, soit l’écrasante majorité du pays, dont Buenos Aires et sa région, où vivent un tiers des 45 millions d’Argentins.
Pendant quatre jours consécutifs cette semaine, le pays a déploré plus de 35 000 nouvelles contaminations quotidiennes – certaines sont le fruit d’une correction statistique – faisant figurer l’Argentine parmi les pays au monde comptabilisant le plus grand nombre de nouveaux cas, en regard de sa population. Autre funeste record atteint le 18 mai : 745 décès en une seule journée. Au total, le pays enregistre 73 391 morts liés au Covid-19.
Selon le dernier relevé de la Société argentine des soins intensifs (SATI), datant du 14 mai, 90 % des lits étaient occupés à cette date dans le grand Buenos Aires. « Certains hôpitaux sont déjà en saturation. La situation est terrible et le système sanitaire est au bord de l’effondrement », rapporte Elisa Estenssoro, membre de la SATI et conseillère du gouvernement de la province de Buenos Aires. « Les ambulances tournent pendant des heures avant de trouver une place. Des patients doivent parfois attendre quatre jours sous respirateur, à l’hôpital, avant d’avoir un lit en soins intensifs », poursuit la responsable, qui rapporte la fatigue abyssale du personnel soignant, sollicité au maximum de ses forces.
Incohérence et discorde politique
L’Argentine n’est pourtant pas surprise par la vague, ascendante depuis février. Le 16 avril, une série de mesures restrictives – visant également à ménager l’économie – ont été instaurées. « Les règles n’ont pas bien été suivies. On observe une grande lassitude et un désespoir qui consiste à socialiser à tout prix. La majorité des contaminations ont lieu lors des rencontres sociales [familiales ou amicales] », note Silvia González Ayala, infectiologue à l’Université nationale de La Plata.
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