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Au Nicaragua, le régime Ortega bâillonne l’opposition avant les élections

Cristiana Chamorro, ancienne directrice de la fondation Violeta Barrios de Chamorro et candidate à la présidentielle, accusée par le ministère de l’Intérieur de blanchiment d’argent alors qu’elle était directrice de l’ONG, à Managua, le 20 mai 2021. INTI OCON / AFP

« Ils ne nous feront pas taire ! », martèle Carlos Fernando Chamorro, directeur des médias indépendants nicaraguayens, El Confidencial et Esta Semana, après une nouvelle offensive contre l’opposition menée, jeudi 20 mai, par le régime du président Daniel Ortega. La police a perquisitionné leur siège à Managua, capitale du Nicaragua. Ce jour-là, plusieurs adversaires politiques étaient réprimés à leur tour. Le gouvernement de l’ancien guérillero sandiniste tente de bâillonner ses opposants en vue des élections de novembre.

C’est par la force que les policiers ont envahi, jeudi matin, les locaux du site Web d’investigation, Confidencial, et de la chaîne Esta Semana. Leur matériel a été saisi. Plusieurs journalistes qui couvraient la perquisition, dont un reporter de l’Agence France-Presse, ont subi des interpellations de courte durée, mais musclées. Un cameraman de Confidencial a, lui, été détenu durant plus de six heures.

Un policier nicaraguayen charge un camion avec des documents saisis lors d’une perquisition au bureau du média indépendant « El Confidencial », à Managua, le 20 mai 2021. CARLOS HERRERA / REUTERS

Les autorités ont également annoncé, jeudi, l’ouverture d’une enquête judiciaire contre Cristiana Chamorro, la plus populaire des candidats potentiels de l’opposition au scrutin présidentiel et législatif du 7 novembre. Selon le bureau du procureur, les comptes de la fondation Violeta Barrios de Chamorro, longtemps dirigée par l’opposante, comporteraient de « clairs indices de blanchiment d’argent ». Mme Chamorro est la sœur du directeur de Confidencial et la fille de Violeta Barrios de Chamorro, ancienne présidente du Nicaragua (1990-1997), qui avait évincé par les urnes Daniel Ortega du pouvoir. A 75 ans, l’ancien héros révolutionnaire, qui a gouverné le pays de 1979 à 1990, puis de 2007 à aujourd’hui, se présentera quant à lui pour un quatrième mandat consécutif.

Un air de vendetta gouvernementale

A la sortie d’un interrogatoire judiciaire de trois heures, Cristiana Chamorro a déclaré que l’accusation qui la touche « est une monstruosité juridique, qui porte gravement atteinte à la démocratie ». La veille, deux autres postulants possibles à la présidentielle, Felix Maradiaga, de la Coalition nationale, et Juan Sebastian Chamorro, de l’Alliance civique pour la justice et la démocratie, ont été assignés à résidence. Ce dernier est un cousin de Mme Chamorro.

Autant de mesures répressives qui prennent des airs de vendetta gouvernementale contre la famille Chamorro, l’une des figures de la révolte populaire et pacifiste, née le 18 avril 2018, pour exiger la fin du régime « népotiste » et « corrompu » de M. Ortega. L’intéressé avait dénoncé, à l’époque, « une tentative de coup d’Etat ». La répression des manifestations avait alors fait 328 morts, 2 000 blessés et des centaines de détentions arbitraires. Depuis que la police interdit les rassemblements, le bras de fer se joue sur les terrains législatif et institutionnel.

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