L’indépendantiste modéré Pere Aragonés a été élu, vendredi 21 mai, président régional de la Catalogne, cette région du nord-est de l’Espagne, théâtre d’une tentative de sécession en 2017. Le « gouvernement [régional] a pour objectif de faire en sorte que l’indépendance de la Catalogne soit possible », a-t-il déclaré vendredi, avant d’être élu par le Parlement régional, où les indépendantistes ont renforcé leur majorité absolue lors des élections de la mi-février.
« A présent, il nous faut résoudre ce conflit politique par le dialogue, la négociation (…), nous persévérerons dans une négociation qui ne sera pas facile », a ajouté le juriste de 38 ans, en se fixant pour objectifs d’obtenir l’organisation d’un référendum d’autodétermination ainsi que l’amnistie des indépendantistes condamnés à la prison ou ayant fui à l’étranger à la suite de la tentative de sécession de 2017. Le gouvernement espagnol de gauche de Pedro Sanchez est farouchement opposé à ces deux revendications.
M. Aragonés a été investi président régional grâce à un accord entre sa formation, Gauche républicaine de Catalogne (ou ERC, pour Esquerra Republicana de Catalunya, en catalan), et Ensemble pour la Catalogne (ou JxC, pour Junts per Catalunya), parti de l’ex-président régional Carles Puigdemont. Mettant leurs divergences de côté après des semaines de négociations tendues, ces deux formations ont décidé de reconduire leur coalition en vigueur depuis 2015, avec cette fois l’ERC à sa tête.
Divergences de stratégie pour l’indépendance catalane
La principale divergence entre ces deux partis porte sur la stratégie du mouvement séparatiste catalan. ERC est en faveur d’un dialogue avec le gouvernement central, qu’il soutient au Parlement de Madrid, alors que JxC prône toujours l’indépendance unilatérale. Pour s’assurer du soutien de JxC et des indépendantistes radicaux de la Candidature d’unité populaire (CUP), M. Aragonés s’est engagé à revoir son approche si la négociation avec Madrid n’aboutissait pas.
« Le dialogue ne consiste pas à dire “ou il se passe ce que je veux ou je me lève et je m’en vais”. Ça, ça ressemble davantage à du chantage », a lancé Salvador Illa, dirigeant du Parti des socialistes en Catalogne (PSC) et ex-ministre de la santé.
Avec 7,8 millions d’habitants, la Catalogne est l’une des régions les plus riches et les plus peuplées d’Espagne. Les idées indépendantistes ont gagné du terrain au cours des dix dernières années, conduisant en 2017 à une proclamation d’indépendance unilatérale dont les principaux leaders sont en prison ou ont fui à l’étranger, et à une grave crise politique.
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