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Covid-19 : au Brésil, les mensonges de l’ex-ministre de la santé pour protéger Jair Bolsonaro

L’ancien ministre brésilien des affaires étrangères, Ernesto Araujo (à gauche), et les sénateurs brésiliens Omar Aziz (à droite) et Renan Calheiros (à gauche), respectivement président et rapporteur de la commission parlementaire qui enquêtera sur la gestion par le gouvernement de la pandémie de Covid-19, lors d’une séance à Brasilia, le 18 mai 2021. EVARISTO SA / AFP

Très attendu, l’événement était d’une importance capitale. Il a viré à la pièce tragicomique. Jeudi 20 mai s’est achevée l’audition de l’ancien ministre de la santé, Eduardo Pazuello, appelé à témoigner devant une commission parlementaire enquêtant sur la gestion catastrophique de la pandémie de Covid-19 au Brésil. Retransmise en direct par de nombreux grands médias, la prestation n’a pas été avare en rebondissements, scandales et incidents en tout genre.

Le premier acte a lieu le 4 mai, veille de l’audition initialement prévue de ce général d’active, aux responsabilités de mai 2020 à mars 2021 (période durant laquelle 300 000 Brésiliens ont succombé au virus). Mais M. Pazuello, « très nerveux », selon la presse, à l’idée d’être entendu par la commission, composée de onze sénateurs chevronnés, se fait porter pâle et annonce être cas contact du Covid-19 – maladie, qu’il a déjà contractée en 2020. Il obtient un report au 19 mai.

Le délai lui est profitable : le 14 mai, M. Pazuello obtient d’un juge du Tribunal suprême fédéral brésilien un habeas corpus, lui donnant le droit de garder le silence lors de son audition face à des questions précises pouvant potentiellement l’incriminer juridiquement. Rassuré, l’ex-ministre affirme qu’il se rendra bien devant les sénateurs et laisse entendre qu’il effectuera son « grand oral » en uniforme militaire. Sous pression de l’état-major, il y renonce finalement.

Soupçons de fraude

Derniers épisodes de cette riche novela : le 18 mai, la chaîne Globo fait état de soupçons de fraudes, concernant des contrats passés par le ministère de la santé du temps d’Eduardo Pazuello, pour une somme de 30 millions de reais (4,6 millions d’euros). Est-ce cette révélation qui fera perdre au général tous ses moyens ? Le 19, après une première journée d’audition harassante, l’ex-ministre est victime d’un malaise et d’une « perte de conscience momentanée », selon la presse. L’audition est de nouveau ajournée au lendemain…

Au-delà de tous ces rebondissements, que retenir de la prestation du général ? Durant deux journées, M. Pazuello s’est donné deux objectifs : relativiser sa responsabilité dans le drame en cours et protéger le président Bolsonaro de toute future accusation. Et tant pis s’il a fallu pour cela aligner durant de longues heures une quantité non négligeable de mensonges et contrevérités.

La chloroquine, dont Pazuello a vanté durant des mois les mérites ? « Non monsieur, je n’en ai jamais recommandé l’usage ! », a soutenu l’intéressé. Le drame de Manaus, où des dizaines de malades sont morts en janvier à cause d’une pénurie d’oxygène ? « De notre côté, nous avons été très proactifs », répond le général, jetant la responsabilité sur les autorités locales. L’absence de négociation avec les grandes firmes pharmaceutiques pour l’achat de vaccins ? « Un ministre ne peut pas recevoir des entreprises, vous devriez le savoir ! », réplique-t-il maladroitement.

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