La Belgique n’avait plus connu une telle mobilisation policière depuis mars 2016 et l’arrestation de Salah Abdeslam, impliqué dans les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis. Quelque 250 policiers, une centaine de militaires, des membres des forces spéciales, tous lourdement armés et appuyés par des véhicules blindés, étaient massés, jeudi 20 mai, autour du parc national de la Haute Campine, dans la province de Limbourg.
C’est dans cette vaste zone de 12 000 hectares de forêts et de landes, survolée par un hélicoptère et fermée aux promeneurs, que les forces de l’ordre traquaient Jürgen Conings, un militaire de 46 ans, tireur d’élite fiché depuis 2020 comme sympathisant de l’ultra-droite.
La sûreté militaire (le service de renseignement) l’avait inscrit sur une liste d’une trentaine de soldats jugés extrémistes et l’Office central d’analyse de la menace (OCAD) le recensait comme « d’extrême droite potentiellement dangereux », seul militaire parmi une cinquantaine de personnes fichées.
Risque d’attentat
Un profil qui n’a pas empêché le sous-officier d’avoir accès à l’arsenal de sa caserne et d’emporter dans sa cavale quatre lance-roquettes antichars, un fusil-mitrailleur, un revolver, des grenades et 2 000 munitions. Il a expliqué dans divers courriels et lettres qu’il comptait les utiliser contre « le régime, les politiciens et les virologues qui continuent à entraver ma liberté ».
Affirmant vouloir en découdre avec les policiers et refuser de se laisser prendre vivant, le caporal, très entraîné au maniement des armes et aux techniques de survie, n’avait sans doute pas choisi au hasard l’endroit où se cacher. Le parc naturel compte plusieurs bunkers et des tunnels souterrains datant de la première guerre mondiale. Seules informations engrangées, depuis mercredi, par les journalistes aux abords de la réserve naturelle : la découverte de l’Audi Q5 du militaire et une demi-douzaine de tirs entendus dans la soirée et « ne provenant pas de la police », selon une source officielle.
Saisi de l’affaire, le parquet fédéral, spécialisé dans la lutte contre la grande criminalité et le terrorisme, a décrété le niveau d’alerte 4, le plus élevé, évoquant un risque d’attentat. Des mesures de protection supplémentaires étaient déployées autour de mosquées de la province de Limbourg et de la caserne de Leopoldsburg, où Conings s’occupait de logistique après avoir perdu son poste au sein de la police militaire. Il avait aussi été privé de son accréditation de sécurité, ce qui, étonnamment, ne lui interdisait pas l’accès au dépôt d’armement. En revanche, le sous-officier s’était vu interdit de participation à des missions à l’étranger, lui qui était fier d’avoir effectué diverses missions en Afghanistan, en Bosnie, au Liban et en Irak. C’est ce qui explique sans doute que, dans les lettres qu’il a laissées, il vise aussi le commandement de l’armée.
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