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Tidjane Thiam : « Les pays africains ne demandent pas de faveur »

Tidjane Thiam, alors président de Credit Suisse, à Zurich le 21 octobre 2015. ARND WIEGMANN / REUTERS

Le financier franco-ivoirien et ancien patron de Credit Suisse, Tidjane Thiam, appartient au quatuor de haut niveau mis sur pied par l’Union africaine (UA) pour contrer l’hécatombe économique tant redoutée en Afrique, aux côtés de la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, du Sud-Africain Trevor Manuel et du Rwandais Donald Kaberuka.

Dans la lignée de ces travaux, il a contribué à la préparation du sommet du 18 mai à Paris, consacré à la relance des économies africaines. Dans une interview au Monde, il rappelle que les pays africains souhaiteraient « pouvoir, comme les autres, prendre et bénéficier de mesures exceptionnelles face à une crise elle-même exceptionnelle ».

Le sommet du 18 mai est consacré à la relance des économies africaines qui sont très fragilisées par la crise sanitaire. La communauté internationale en fait-elle suffisamment pour aider l’Afrique ?

Je l’ai toujours dit, le développement de l’Afrique est d’abord et avant tout l’affaire des Africains. Par exemple, il leur revient de bien gérer leurs finances publiques et d’être transparents sur la dette. Mais face à un choc de cette ampleur, personne ne peut s’en sortir en comptant uniquement sur lui-même. Les stimuli qui ont été mis en place en Occident ont été financés par la dette et les marchés de capitaux. Les vaccins sont produits et échangés partout dans le monde.

Tous les pays ont donc en quelque sorte bénéficié de l’existence et de la solidarité de la communauté internationale. Des plans de relance d’une ampleur sans précédent ont été mis en place avec une grande célérité et sans s’embarrasser de trop de règles. Je plaide pour la normalisation de l’Afrique. Les pays africains ne demandent pas de faveur mais simplement de pouvoir, comme les autres, prendre et bénéficier de mesures exceptionnelles face à une crise elle-même exceptionnelle

Quelles sont les attentes des pays africains concernant le sommet du 18 mai ?

Je ne peux pas parler au nom de l’Afrique qui sera représentée par de nombreux chefs d’Etat le 18 mai. A titre personnel, ce que je souhaite, c’est que les progrès économiques du continent soient reconnus et que l’accent reste mis sur ses opportunités. Quand j’ai commencé ma carrière en 1986, le PIB de l’Afrique était de l’ordre de 600 milliards de dollars. Il est aujourd’hui de 2 500 milliards de dollars. C’est une progression énorme. L’enjeu d’aujourd’hui, c’est que toutes ces années ne soient pas perdues.

Il existe beaucoup de talents sur le continent. Regardez ce qu’a accompli le jeune entrepreneur nigérian Shola Akinlade, qui sera présent au sommet. Lui qui n’avait jamais quitté l’Afrique a été repéré à Lagos par un incubateur américain. On l’a fait venir en Californie et aidé à trouver des fonds propres pour la société qu’il avait lancée dans le domaine du paiement digital. Son entreprise vient d’être rachetée par Stripe, le géant américain des paiements.

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