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« Partir était la meilleure solution pour protéger notre fils » : l’Arkansas en guerre contre les personnes transgenres

Dans quelques jours, George Spurrier, sa femme, Emily, et leur fils de 17 ans, Cas, diminutif de Lucas, le prénom que ce dernier s’est choisi, auront quitté l’Arkansas. Définitivement. La batterie de lois visant les personnes transgenres comme leur enfant, adoptée dans l’urgence au printemps par le Parlement de ce bastion républicain, les a poussés au départ.

Le 15 avril, leur décision était prise. Des liens amicaux et des opportunités d’emplois les ont poussés vers le Nouveau-Mexique, où ils s’installeront à la fin du mois de mai, après seize années passées en Arkansas. « Face à un tel tir de barrage, nous nous sommes dit que partir était la meilleure solution pour protéger notre fils », explique George Spurrier.

Cas Spurrier, 17 ans, dans sa chambre à Little Rock (Arkansas), le 12 mai 2021. LIZ SANDERS POUR « LE MONDE »

L’offensive a commencé à la fin du mois de février avec un texte interdisant aux personnes transgenres de participer à des compétitions scolaires féminines au nom de « l’équité sportive ». Puis un autre a permis à des médecins d’opposer leur conscience ou leur foi religieuse aux demandes d’accompagnement médical émanant d’une personne transgenre.

La surenchère s’est poursuivie avec l’adoption en mars, en dépit de l’opposition du gouverneur Asa Hutchinson, pourtant également conservateur, d’un projet de loi interdisant ces traitements pour les mineurs, une première aux Etats-Unis. Cette mesure concerne directement le fils de George et d’Emily, qui prend de la testostérone depuis deux mois, après le recours infructueux à un premier médicament pour stopper ses menstruations. Un autre texte visant à obliger les enseignants à utiliser le nom de naissance de leurs élèves a en revanche échoué au Sénat de l’Arkansas, devenu en quelques semaines l’Etat le plus actif contre les personnes transgenres.

« Guerre culturelle »

Membre du Family Council, une organisation conservatrice à la manœuvre en coulisse, Ken Yang met lui aussi en avant « la protection des enfants » contre ce qu’il présente comme une « castration chimique ou chirurgicale ». Il dénonce des décisions jugées souvent précipitées, ou bien qui seraient le produit de pressions parentales. « Des mythes ! », s’emporte Emily, la mère de Cas, qui dénonce l’ignorance des législateurs.

Un drapeau transgenre est accroché au mur de la chambre de Cas Spurrier sous une étagère remplie de figurines qu’il a fabriquées de ses personnages préférés. Un pêle-mêle de photos de famille dans la maison des Spurrier le 12 mai 2021. LIZ SANDERS POUR « LE MONDE »

Ken Yang assume tout à fait une offensive qui s’intègre dans la « guerre culturelle » qui oppose les deux grandes familles politiques américaines. « Les républicains perdent cette guerre depuis trop d’années », dit-il en faisant allusion à la légalisation du mariage entre personnes de même sexe, en 2015, par une Cour suprême pourtant déjà à majorité conservatrice. « Il est temps de réagir. On ne veut pas de la normalisation selon laquelle un garçon peut devenir une fille, et vice versa », poursuit ce jeune trentenaire, par ailleurs délégué républicain du comté de Saline, au sud de Little Rock.

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