Tribune. A l’automne 2020 s’est installé, dans un hôtel particulier du 7e arrondissement de Paris, le centre de recherche Lagrange en mathématiques et calcul. Ce centre, entièrement financé par la société Huawei, « va regrouper une trentaine de scientifiques, dont une dizaine d’internationaux. Ils auront la chance d’évoluer dans un écosystème unique, celui de l’Ile-de-France qui compte à la fois la plus grande concentration de mathématiciens au monde et les meilleures universités en la matière ». Les domaines dans lesquels les recherches de ce centre seront effectuées sont les mathématiques et l’informatique.
Huawei, société chinoise créée en 1987, est aujourd’hui un mastodonte industriel, avec 197 000 employés, un chiffre d’affaires de 136 milliards de dollars et un bénéfice net de 9,88 milliards en 2020. La structure opaque de son capital suggère qu’elle est contrôlée par le gouvernement de la République populaire de Chine. C’était, au début de 2020, le premier producteur mondial de smartphones et d’équipements pour les réseaux de télécommunication. Sa technologie repose sur un effort très important de recherche et développement effectué dans 21 centres situés dans plusieurs pays.
La forte implantation de cette société en France est tout sauf inspirée par un objectif altruiste de développement des connaissances. Il s’agit, pour elle, de relations publiques, de contrats, mais aussi de bénéficier de nos compétences scientifiques. Or Huawei est un acteur majeur des outils de surveillance mis en place par le gouvernement chinois partout en Chine, et tout particulièrement dans la région autonome du Xinjiang, majoritairement peuplée par des ethnies non-han, en particulier les Ouïgours ou les Kazakhs, de religion musulmane.
Implication directe
Après des troubles (1997-2013) dus à la politique de sinisation, une campagne systématique de répression a été lancée par le gouvernement chinois en 2014. On estime que 1 à 2 millions d’habitants des « minorités » turques de la région ont été internés depuis 2017 dans des camps de détention de masse appelés « camps de rééducation politique », dont l’existence est maintenant bien documentée.
Dans ceux-ci, les détenus sont soumis à une propagande visant à briser tout lien avec leur culture et leur religion, incluant l’interdiction de leurs langues, la destruction de mosquées ou de cimetières ainsi qu’un endoctrinement forcé. De nombreux cas de torture ou de traitements inhumains ont été rapportés : détenus roués de coups, enchaînés, suspendus au plafond, privés d’eau, de nourriture ou de sommeil. Des détenus ou ex-détenus sont soumis au travail forcé dans l’industrie du coton.
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