Le produit intérieur brut (PIB) du Japon a replongé au premier trimestre 2021, reflétant l’impact économique de la recrudescence du coronavirus qui persiste actuellement dans l’archipel, augurant une prolongation du marasme au deuxième trimestre.
Le PIB de la troisième économie mondiale s’est replié de 1,3% sur la période janvier-mars par rapport au trimestre précédent, selon des données préliminaires officielles publiées mardi.
Cette contraction, qui a brisé l’élan de la reprise que connaissait le Japon depuis le second semestre 2020, est légèrement plus forte que prévu: les économistes du consensus Bloomberg s’attendaient à un recul de 1,1%.
Le principal point faible a été la consommation des ménages (-1,4%), qui a replongé avec l’aggravation de la crise sanitaire et le retour de l’état d’urgence dans plusieurs départements du pays début janvier.
Ce dispositif avait été graduellement levé à partir de février mais avait perduré jusqu’au 21 mars pour Tokyo et trois départements limitrophes de la capitale.
L’état d’urgence au Japon est beaucoup plus souple que les confinements imposés dans d’autres pays. Début 2021 il consistait essentiellement à demander aux bars et restaurants de fermer à 20H00 et à la population d’éviter les sorties non indispensables.
Les investissements non résidentiels des entreprises, qui avaient nettement rebondi fin 2020, ont aussi rechuté au premier trimestre de l’année en cours (-1,4%), tandis que l’effet positif de la hausse des exportations (+2,3%) a été contrebalancé par une croissance plus forte (+4%) des importations.
– Lenteur de la vaccination –
Un homme passe devant un restaurant temporairement fermé (AFP – Kazuhiro NOGI)
La demande publique (dépenses du gouvernement, investissements publics) s’est aussi tarie (-1,6%), alors qu’elle avait progressé tout au long de l’année 2020 sous l’impact de plans de relance.
« Une nouvelle contraction pourrait être enregistrée » sur le trimestre avril-juin, en raison de l’intensification d’une quatrième vague du Covid-19, a prévenu mardi Shahana Mukherjee dans une note de Moody’s Analytics.
La nouvelle détérioration de la situation sanitaire a contraint le gouvernement à réinstaurer en avril un état d’urgence avec des mesures plus sévères, et ce dispositif a été récemment élargi et prolongé jusqu’au 31 mai.
Une amélioration sur le front sanitaire, et par conséquent sur le moral des consommateurs, est par ailleurs freinée par la lenteur de la campagne de vaccination au Japon par rapport à d’autres pays industrialisés.
A peine plus de 1% seulement de la population nationale a reçu les deux injections du vaccin de Pfizer/BioNTech, le seul approuvé pour l’heure au Japon, selon les derniers chiffres disponibles du ministère de la Santé.
De plus en critiqué, le gouvernement a promis d’accélérer, en créant des vaccinodromes à Tokyo et Osaka (ouest) et mobilisant les Forces japonaises d’autodéfense.
Mais l’objectif du gouvernement de vacciner l’ensemble des personnes âgées de 65 ans et plus – soit quelque 36 millions de personnes – d’ici fin juillet paraît très compliqué à atteindre.
– Effet nul des JO –
Des gens prennent des photos avec les anneaux olympiques, à côté du musée des Jeux Olympiques à Tokyo, le 17 mai 2021 (AFP – Philip FONG)
Les Jeux olympiques de Tokyo (23 juillet-8 août) quant à eux ne devraient guère stimuler la consommation, les Japonais étant très majoritairement opposés à la tenue de l’événement, craignant qu’il n’aggrave encore la crise sanitaire.
Un huis clos complet apparaît comme un scénario de plus en plus crédible, alors que les spectateurs venant de l’étranger ont déjà été exclus.
Et si les Jeux « devaient être annulés, cela n’aurait rien de surprenant et l’impact sur l’économie et les marchés devrait être limité », avait estimé Naoya Oshikubo, économiste de SuMi Trust dans une note publiée en amont du PIB.
L’économie japonaise devrait toutefois se reprendre au second semestre, au fur à mesure des progrès de la vaccination, selon les économistes. « La reprise est différée plutôt qu’annulée », a estimé mardi Marcel Thieliant de Capital Economics.
Le Fonds monétaire international (FMI) table actuellement sur un rebond de 3,3% du PIB nippon cette année, après une lourde chute de 4,8% en 2020. L’OCDE prévoit une reprise économique japonaise un peu plus faible (+2,7%).
Fin avril, la Banque du Japon (BoJ) avait légèrement amélioré sa prévision de croissance pour l’exercice 2021/22 (démarré le 1er avril), à 4% contre 3,9% précédemment.
En 2020 l’économie japonaise avait plongé de 4,7% (chiffre révisé mardi contre -4,8% précédemment), ou de 4,6% sur l’ensemble de l’exercice budgétaire 2020/21, clos au 31 mars.
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