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Les confidences d’un chef mafieux sèment le trouble en Turquie

Extrait d’une vidéo du chef mafieux Sedat Peker sur YouTube, le 16 mai 2021. Extrait d’une vidéo du chef mafieux Sedat Peker sur YouTube, le 16 mai 2021.

LETTRE D’ISTANBUL

Plus divertissantes qu’une série télévisée, moins prévisibles qu’une discussion sur les réseaux sociaux, les apparitions hebdomadaires sur YouTube du chef mafieux Sedat Peker, déchaînent les passions en Turquie, où trois semaines de confinement serré – du 29 avril au 17 mai – ont quelque peu engourdi les esprits.

Grâce à son feuilleton, le gangster quinquagénaire, emprisonné jadis à plusieurs reprises pour escroqueries, meurtres et crimes en bande organisée, a rompu la monotonie en déballant le linge sale de sa relation avec les plus hauts représentants de l’Etat turc, qu’il décrit comme affiliés au monde du crime. « Ça n’est pas fini, on va en reparler », promet-il à chaque épisode, suivi par plus de 500 000 internautes.

A chacune de ses interventions sur YouTube, un nouveau livre est exhibé, dont le titre exprime les préoccupations du parrain lettré. Lors de la plus récente, jeudi 13 mai, le livre du jour était le roman de l’Américain Mario Puzo, C’est idiot de mourir. Au rendez-vous précédent, les mémoires de Léon Trotski étaient placées en évidence sur le bureau. Comme si Sedat Peker se voyait en futur chef de l’opposition en exil, persécuté par un Staline turc dont il ne précise pas le nom.

Le gendre du président

Trois hauts responsables sont visés par ses révélations : Süleyman Soylu, l’actuel ministre de l’intérieur, Berat Albayrak, le gendre du président Recep Tayyip Erdogan, qui fut ministre des finances de 2018 à 2020, et enfin l’ancien ministre de l’intérieur, Mehmet Agar, en fonction en 1996.

Au fil de son récit, le mafieux revient, non sans nostalgie, sur les égards dont l’entourait jadis M. Soylu, qui lui procura des policiers en guise de gardes du corps et poussa l’aménité jusqu’à l’avertir qu’une enquête judiciaire venait d’être ouverte à son sujet, lui conseillant d’aller se mettre au vert. Sedat Peker n’a pas demandé son reste. En 2019, il s’installe au Monténégro, officiellement pour suivre un cursus universitaire. Mais il est bavard, répétant à qui veut l’entendre avoir fui son pays en raison de l’inimitié personnelle que lui voue le gendre du président.

En janvier 2021, le boss est arrêté en Macédoine du Nord puis expulsé vers le Kosovo voisin. Ses traces se perdent ensuite entre les Balkans et Dubaï, apparemment son dernier point de chute. C’est donc loin de la Turquie que ce personnage peu recommandable mais doté d’un bon carnet d’adresse, règle aujourd’hui ses comptes avec ses anciens protecteurs.

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