Tandis que la nouvelle confrontation, déclenchée le 10 mai entre Israël et les groupes armés palestiniens de Gaza, alarme les Nations unies (ONU), le Conseil de sécurité de l’organisation internationale s’est réuni, dimanche 16 mai, pour une troisième session d’urgence, sans adoption, à ce stade, d’une déclaration commune ni de propositions permettant d’aboutir à une cessation des hostilités.
La crise actuelle a éclaté le 10 mai avec des roquettes tirées par le Hamas sur Israël en « solidarité » avec les centaines de manifestants palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne à Jérusalem-Est. A l’origine des manifestations, la menace d’expulsion forcée de familles palestiniennes au profit de colons israéliens dans le quartier de Cheikh Jarrah. Les hostilités se sont étendues cette semaine à la Cisjordanie, autre territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où des affrontements avec l’armée israélienne ont fait 19 morts depuis le 10 mai, selon un bilan palestinien.
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Le plus lourd bilan quotidien depuis une semaine
L’armée israélienne a mené aux premières heures de lundi 17 mai une intense série de bombardements sur Gaza. Dans la nuit de dimanche à lundi, l’aviation israélienne a pilonné la bande de Gaza à des dizaines de reprises en l’espace de quelques minutes, provoquant des coupures de courant, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).
Des centaines de bâtiments ont été endommagés, d’après les autorités locales, qui n’ont pas fait état de victimes dans l’immédiat. L’armée israélienne a fait savoir, lundi, dans un communiqué, avoir ciblé neuf maisons appartenant à des hauts commandants du Hamas et qui servaient pour certaines à « stocker des armes ».
« Il n’y a jamais eu de frappes d’une telle ampleur », a témoigné Mad Abed Rabbo, 39 ans, qui vit dans l’ouest de la ville de Gaza, faisant part de son « horreur » et de sa « peur ». « J’ai eu l’impression de mourir, a déclaré une autre habitante de Gaza, Mani Qazaat. Nétanyahou doit se rendre compte que nous sommes des civils, pas des militaires. » D’après le ministère de la santé à Gaza – enclave pauvre de deux millions d’habitants sous blocus israélien depuis près de quinze ans –, plus de 40 000 personnes ont fui leur logement cette dernière semaine pour se cacher des bombardements israéliens. L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens a expliqué y avoir ouvert une quarantaine d’écoles pour accueillir les déplacés.
Ces nouvelles frappes israéliennes interviennent alors que l’enclave palestinienne, contrôlée par le mouvement islamiste du Hamas, a enregistré, dimanche, son bilan quotidien le plus lourd depuis le début de ce nouvel épisode de violences : 42 Palestiniens, dont au moins huit enfants et deux médecins, sont morts dans des raids, selon le ministère de la santé. Il s’agit du plus lourd bilan quotidien depuis le début des violences : au total, depuis le 10 mai, 197 Palestiniens ont été tués, dont au moins 58 enfants, et plus de 1 200 blessés. Côté israélien, dix personnes ont été tuées dont un enfant, et 294 blessées après des tirs de groupes armés palestiniens depuis Gaza, dont le Hamas au pouvoir.
Ces groupes armés – dont le Hamas – ont tiré plus de 3 100 roquettes vers Israël depuis le début des hostilités meurtrières, dont une grande partie avait été interceptée par son système antimissile, a expliqué, dimanche, l’armée israélienne. Il s’agit rythme le plus élevé de projectiles jamais tirés sur le sol israélien, a encore fait savoir l’armée. « L’intensité de ce conflit, c’est quelque chose que nous n’avons jamais vu auparavant », s’est alarmé Robert Mardini, directeur général de la Croix-Rouge.
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L’immeuble abritant les locaux d’Associated Press et Al-Jazira à Gaza pulvérisé : « une cible parfaitement légitime » pour Nétanyahou
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou a, dans une adresse aux Israéliens, réitéré que l’opération allait encore « prendre du temps » et appelé ses compatriotes à limiter leurs « activités en extérieur ». « Notre campagne contre les organisations terroristes continue à plein régime », a-t-il affirmé.
Dans un entretien à la chaîne américaine CBS, il a aussi justifié la frappe ayant pulvérisé la tour de 13 étages abritant les locaux de la chaîne d’information qatarie Al-Jazira et l’agence de presse américaine Associated Press (AP). C’était « une cible parfaitement légitime », a-t-il déclaré, affirmant se baser sur des informations des services de renseignement.
Reporters sans frontières (RSF) a saisi dimanche la Cour pénale internationale (CPI) après plusieurs raids contre des locaux abritant des médias, considérant qu’ils pouvaient relever de « crimes de guerre ». L’armée israélienne, qui a dit avoir ciblé des locaux et des équipements du Hamas, ainsi que certains commandants et des tunnels souterrains, accuse le mouvement islamiste de s’implanter près de civils pour s’en servir comme de « bouclier ».
Franchissant un nouveau palier dans son offensive contre le Hamas, l’armée israélienne a aussi annoncé avoir attaqué les domiciles de Yahya Sinouar, chef du Hamas à Gaza, et de son frère, « un militant terroriste », publiant des images d’une maison pulvérisée dans un nuage de poussière. Des sources de sécurité palestiniennes ont confirmé la frappe, mais on ignore le sort du chef du Hamas à Gaza.
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Aucune avancée diplomatique à l’ONU
Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni, dimanche, pour une nouvelle session d’urgence sur le conflit israélo-palestinien, la troisième en une semaine, sans adoption à ce stade d’une déclaration commune ni de propositions permettant d’aboutir à une cessation des hostilités. La session a donné lieu à des échanges de diatribes entre les deux parties opposées.
Le ministre des affaires étrangères palestinien, Riyad Al-Maliki, a accusé Israël de « crimes de guerre », dénonçant « l’agression » de l’Etat hébreu contre « le peuple » palestinien et ses « lieux saints ». « Le Hamas a choisi d’accélérer des tensions, utilisées comme prétexte, pour commencer cette guerre » qui a été « préméditée », a rétorqué l’ambassadeur israélien aux Etats-Unis et à l’ONU, Gilad Erdan. Le diplomate israélien a demandé au Conseil de sécurité de condamner les « tirs aveugles de roquettes » tandis que le ministre palestinien réclamait à l’instance « d’agir » pour arrêter l’offensive israélienne, se demandant combien il allait lui falloir de morts palestiniens pour se « scandaliser ».
La violence « a le potentiel de déclencher une crise sécuritaire et humanitaire incontrôlable et d’encourager davantage l’extrémisme », a alerté dimanche le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à l’ouverture d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité. « Ce cycle insensé d’effusion de sang, de terreur et de destruction doit cesser immédiatement », a-t-il insisté, alors que cette troisième session virtuelle n’a abouti à aucune avancée.
« Les affrontements risquent d’entraîner Israéliens et Palestiniens dans une spirale de violence aux conséquences dévastatrices pour les deux communautés et pour toute la région », a mis en garde, dimanche, M. Guterres.
Les Etats-Unis continuaient, dimanche, à refuser toute déclaration conjointe permettant d’aboutir rapidement à un arrêt des hostilités. Dans le même temps, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a multiplié les entretiens avec ses homologues de plusieurs Etats régionaux clés, dont le Qatar, l’Egypte et l’Arabie saoudite, pour tenter de faire cesser les violences, selon le département d’Etat.
Depuis une semaine, Washington, isolé, a déjà rejeté deux textes proposés par trois membres du Conseil : la Norvège, la Tunisie et la Chine. Le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, a regretté « l’obstruction » américaine pour faire adopter une déclaration.
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