Publié le : 17/05/2021 – 17:11
Les États-Unis ont « demandé » à Israël de leur fournir des « précisions supplémentaires sur la justification » des frappes israéliennes contre des locaux abritant des médias à Gaza, a déclaré lundi le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. Dimanche, Reporters sans frontières avait de son côté saisi la Cour pénale internationale, considérant que ces frappes peuvent constituer des « crimes de guerre ».
Les États-Unis ont demandé à Israël de leur fournir des « précisions » sur la « justification » de la frappe qui a détruit samedi à Gaza un immeuble abritant des médias internationaux, a déclaré, lundi 17 mai, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.
Le secrétaire d’État a redit « l’inquiétude » de Washington au sujet de la protection des médias, sans aller jusqu’à condamner la frappe de l’État hébreu.
Très prudent, il a affirmé ne pas avoir personnellement vu d’éventuelles informations partagées par les autorités israéliennes, et ne s’est donc pas prononcé sur la légitimité de la frappe. « Plus globalement, cela dit, et c’est vraiment crucial, Israël a une responsabilité particulière au sujet de la protection des civils pendant qu’il se défend, et cela inclut absolument les journalistes », a-t-il dit lors d’une visite à Copenhague.
RSF saisit la CPI
Dimanche, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) avait décidé de saisir de son côté la Cour pénale internationale (CPI), estimant que les frappes contre des locaux abritant des médias peuvent constituer des « crimes de guerre ».
« Depuis une semaine, les locaux de 23 médias locaux et internationaux ont été détruits par des frappes aériennes israéliennes ciblées », indique RSF dans sa saisine, les bombardements ayant visé les bureaux de médias palestiniens et étrangers.
« RSF considère que le ciblage volontaire de médias et la destruction totale et intentionnelle de leurs équipements relèvent du crime de guerre en vertu de l’article 8 du Statut de Rome », selon le courrier en date du 16 mai, adressé à la procureure générale de la CPI, Fatou Bensouda.
« L’armée israélienne a non seulement infligé des dégâts matériels très importants à des rédactions dont les journalistes, les équipements et les installations sont des personnes et des biens protégés au titre de la protection due à la population civile. Elle a également entravé la couverture médiatique d’un conflit qui affecte directement et gravement la population civile », poursuit RSF.
Nous considérons que l’armée d’Israël a commis un crime de guerre en bombardant l’immeuble d’Associated Press et d’Al Jazeera. Elle a aussi violé la résolution 2222 sur la protection des journalistes adoptée en mai 2015 par le Conseil de sécurité de l’ONU https://t.co/VfOizFwR33. pic.twitter.com/6NRz1HzDdL
— Christophe Deloire (@cdeloire) May 17, 2021
À Gaza, l’immeuble de 13 étages qui abritait notamment les équipes de la chaîne d’information qatarie Al-Jazeera et de l’agence de presse américaine Associated Press (AP) a été pulvérisé samedi par plusieurs missiles. L’armée israélienne avait demandé préalablement l’évacuation de l’immeuble.
Pour Benjamin Netanyahu, cet immeuble était « une cible parfaitement légitime ». Le Premier minisitre israélien a affirmé se baser sur des informations des services de renseignement.
RSF a rappelé avoir déjà saisi la CPI pour « le ciblage intentionnel par l’armée israélienne de plusieurs dizaines de journalistes palestiniens couvrant les manifestations dites de ‘la marche du retour’ au printemps 2018 ». RSF demande donc à la procureure générale d’inclure les événements des derniers jours dans l’enquête ouverte en mars sur des crimes présumés dans les Territoires palestiniens, une initiative rejetée par Israël mais saluée par les Palestiniens.
Avec AFP
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