Jérusalem occupe une place importante, même si elle n’est pas de premier plan, dans la géographie symbolique et religieuse de l’islam. Son statut vient d’abord de la relation que le prophète Mahomet a eue avec la ville. Evoqués furtivement par le Coran, ces liens seront développés dans la pensée théologique, la mystique soufie et les traditions populaires.
La ville a été le lieu d’orientation – qibla – de la prière de la première communauté musulmane. Ce terme est issu de la racine qbl, « se trouver devant », « faire face ». C’est ainsi que les disciples du Prophète se désignent comme le « peuple de la qibla et de la communion » (Ahl al-qibla wa-l-jama’a).
Dans une mosquée, la qibla (direction de la prière) est clairement indiquée par une niche située sur l’un des murs, très souvent encadrée de deux colonnes : le mihrab. Cette indication est cruciale pour la prière, qui s’effectue à l’aube (soubh), à midi (dohr), dans l’après-midi (asr), au coucher du soleil (maghreb) et la nuit (ichaa).
Changement de direction
Alors que La Mecque est aujourd’hui la qibla pour tous les musulmans, les premiers fidèles s’orientaient vers Jérusalem. La tradition rapporte que si les croyants priaient vers la cité palestinienne, Mahomet prenait néanmoins garde à ce que le temple mecquois de la Kaaba soit toujours situé face à lui, dans sa prière vers Jérusalem.
En 622, selon la tradition musulmane, la communauté rassemblée autour de Mahomet se voit contrainte de quitter La Mecque, dont les habitants s’avèrent hostiles à leur message, pour se réfugier à Médine. Vers 623-624, soit un peu plus d’un an après cet événement fondateur, appelé hégire (« émigration »), le changement d’orientation de la prière se produit dans la mosquée médinoise de la tribu des Banou Salima, en plein rituel du dohr, à midi : la première partie du rite est effectuée en direction de Jérusalem, la seconde vers La Mecque. La mosquée est d’ailleurs connue sous le nom de Masjid Al Qiblatain, la « mosquée des deux qibla » ; aujourd’hui encore, elle possède deux mihrabs.
Le changement de direction de la prière renforce le caractère arabe de l’islam naissant
Ce changement de qibla renforce le caractère arabe de l’islam naissant. Il ne s’agit pas seulement de se démarquer des juifs, mais aussi de revaloriser la cité mecquoise et son temple arabe. « Cet événement capital, écrit ainsi l’historien Edmond Rabbath (1902-1991), eut pour effet de trancher net le dernier lien, d’ordre cultuel et politique, avec le judaïsme, mais de restituer surtout à l’islam l’authenticité de son âme arabe, en le rattachant à jamais à la race d’Ibrahim [ou Abraham] et d’Ismaël, fondateurs du Bayt Al Atiq, de la Maison antique, où est logée la Pierre noire » (Mahomet, prophète arabe et fondateur d’Etat, publications de l’Université libanaise, Beyrouth, 1989).
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