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Le Hamas veut imposer à Israël un nouveau rapport de force

Des fidèles musulmans palestiniens scandent des slogans soutenant le drapeau du mouvement islamiste Hamas, après la prière du vendredi dans l’enceinte de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem, troisième site le plus sacré de l’islam, le 14 mai 2021. Des fidèles musulmans palestiniens scandent des slogans soutenant le drapeau du mouvement islamiste Hamas, après la prière du vendredi dans l’enceinte de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem, troisième site le plus sacré de l’islam, le 14 mai 2021.

Frapper le premier et frapper fort, pour jouer de l’effet de surprise et dicter les termes de la confrontation. Ce principe de base de l’art de la guerre, Israël s’est efforcé de le mettre en application lors des trois premiers conflits qui l’ont opposé au Hamas en 2008, 2012 et 2014. On se souvient que le bombardement de l’académie de police de Gaza, fatal à des dizaines de cadets en plein exercice, fut le bain de sang inaugural de la première guerre de Gaza.

Le Hamas a retenu la leçon. Cette fois-ci, c’est lui qui a pris l’initiative. La nouvelle confrontation, qui a pour l’instant fait 126 morts côté palestinien et 9 côté israélien, a commencé lundi 10 mai, lorsque les maîtres de l’enclave ont envoyé des dizaines de roquettes en direction de Jérusalem. A l’instar d’une véritable armée, le Hamas a donné un nom de code à son opération : « L’épée de Jérusalem ». Une manière de s’ériger en défenseur de la capitale de cœur des Palestiniens, alors ensanglantée par de violentes descentes de la police israélienne.

Jérusalem, « une ligne rouge »

Plusieurs cadres des brigades Ezzedine Al-Qassam, l’aile militaire du Hamas, notamment son commandant en chef, le mystérieux Mohammed Deif, avaient pourtant mis en garde l’Etat hébreu. Ils l’avaient sommé de retirer ses forces de Cheikh Jarrah, un quartier de Jérusalem-Est où des familles sont menacées d’expulsion, ainsi que de l’esplanade des Mosquées, haut lieu de l’identité palestinienne. Sous peine de payer « un prix lourd », avait précisé Mohammed Deif, dont la dernière déclaration publique remontait à 2014.

« Les Israéliens ont fait l’erreur d’ignorer ces avertissements, relève un journaliste de Gaza, désireux de garder l’anonymat. Ils se sont convaincus qu’avec les accords de normalisation signés l’année passée entre leur pays et plusieurs Etats arabes, nous étions défaits, démoralisés. Ils ont oublié que pour tous les Palestiniens, Jérusalem est une ligne rouge. »

En s’emparant de ce symbole, le Hamas réalise pour l’instant une opération politique payante. Dans l’opinion publique palestinienne, son initiative est saluée comme un sursaut d’orgueil salutaire, un réveil de la résistance à l’occupation israélienne. Ce faisant, les islamistes jettent une lumière crue sur l’impotence de leur rival politique, Mahmoud Abbas, le chef du Fatah, au pouvoir en Cisjordanie. Les mains liées par la coordination sécuritaire avec Israël, le vieux président de l’Autorité palestinienne n’a rien d’autre à faire qu’attendre qu’un dirigeant étranger daigne l’appeler.

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