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L’armée israélienne accusée d’avoir piégé les médias en annonçant une fausse offensive terrestre à Gaza

Un homme dans les décombres d’appartements touchés par un bombardement israélien, le 15 mai 2021 à Gaza City. Un homme dans les décombres d’appartements touchés par un bombardement israélien, le 15 mai 2021 à Gaza City.

Dans la nuit de jeudi à vendredi 14 mai, l’armée israélienne a annoncé que des soldats avaient pénétré dans la bande de Gaza, menant une opération au sol sur le territoire. « L’armée de l’air et de terre israélienne est en train d’attaquer la bande de Gaza », pouvait-on lire dans la nuit sur le compte officiel des forces militaires.

Cette déclaration a été reprise par de nombreux médias internationaux, et fait craindre une offensive terrestre risquant de faire de nombreuses victimes. Felicia Schwartz, correspondante du quotidien américain The Wall Street Journal, a elle-même expliqué avoir publié l’information après avoir été alertée par un porte-parole qu’une offensive terrestre était en cours.

Deux heures plus tard, l’armée est revenue sur cette affirmation, avançant qu’elle résultat d’un « problème de communication interne », et qu’aucune troupe israélienne n’avait pénétré dans le territoire de Gaza. Le porte-parole de l’armée israélienne, Jonathan Conricus, a assuré au cours d’une conférence de presse vendredi qu’il s’agissait d’une simple erreur. « Ce sont des choses qui arrivent lors d’une opération complexe avec de nombreux éléments, et alors qu’il est difficile d’avoir une vision claire de ce qui est en train de se passer », a-t-il expliqué devant des journalistes. « Dès que j’ai compris que j’avais la mauvaise information, j’ai diffusé un rectificatif », a-t-il ajouté.

Dans certains médias israéliens, un autre son de cloche est apparu. Plusieurs titres ont affirmé jeudi soir et vendredi que l’annonce erronée était une tactique de l’armée israélienne pour tromper le Hamas en utilisant la presse internationale. « Il ne s’agissait pas d’une erreur mais d’un plan préparé pour permettre l’élimination des forces du Hamas », a par exemple écrit la chaîne israélienne N12.

« C’était une manipulation. C’était intelligent et cela a été efficace », a expliqué sur une autre chaîne israélienne le correspondant et ancien militaire Or Heller. « Ce que nous avons vu ce soir est une opération sophistiquée avec une composante médiatique », a-t-il ajouté. Selon ce vétéran de l’armée, l’opération a permis de mettre en mouvement des combattants du Hamas, qui ont ensuite été tués dans des bombardements.

L’armée nie avoir menti aux journalistes

Le colonel Conricus, questionné au cours d’une conférence de presse vendredi, a assuré qu’il n’y avait pas eu de tromperie. Il n’y a eu « aucune tentative de piéger qui que ce soit ou de vous pousser à publier de fausses informations », a-t-il promis aux journalistes, décrivant une situation « franchement embarrassante ».

Il a cependant, selon le New York Times, reconnu que l’armée israélienne avait tenté de piéger les combattants du Hamas à Gaza en créant des mouvements de troupes à la frontière du territoire et en déplaçant des véhicules blindés de manière à laisser penser qu’une invasion terrestre était en cours. Le porte-parole a expliqué que cette opération visait à mettre en mouvement le Hamas pour cibler des combattants.

Ces explications n’ont pas satisfait certains médias étrangers, qui estiment avoir servi de pions pour une stratégie militaire. « S’ils se sont servis de nous, c’est inacceptable. Et s’ils ne se sont pas servis de nous, que s’est-il passé, et pourquoi la presse israélienne dit que nous avons été piégés ? », s’exclame Daniel Estrin, correspondant à Jerusalem de la radio américaine NPR, dans une interview au New York Times.

Le Monde avec AP

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