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Le Maroc ouvre une double crise diplomatique avec l’Allemagne et l’Espagne

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Le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, après une réunion avec des responsables américains, à Dakhla, le 10 janvier 2021. Le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, après une réunion avec des responsables américains, à Dakhla, le 10 janvier 2021.

Un signe des temps. Le Maroc, qui cherche à projeter à l’extérieur l’image d’une assurance diplomatique décomplexée, s’offre le luxe de braver deux Etats européens : l’Espagne et l’Allemagne. Une double fâcherie assumée, orchestrée même, qui illustre une fierté nationale dopée par les récentes percées sur le dossier du Sahara occidental tout autant que l’inquiétude que ces acquis butent sur des limites.

Autant l’épreuve de force avec Madrid s’inscrit dans une relation déjà tourmentée – proximité géographique oblige –, autant la crise avec Berlin est inédite et donc hautement révélatrice des nouvelles postures de Rabat. L’épilogue que connaîtra cette double bouderie pèsera, au-delà de la relation bilatérale avec ces deux capitales, sur la relation entre le Maroc et l’Union européenne (UE).

Le chef du Polisario hospitalisé près de Saragosse

Le conflit avec l’Espagne est directement lié à la question du Sahara occidental, source de friction récurrente entre les deux pays. Le 25 avril, Rabat a fait connaître à Madrid son « exaspération » à la suite de l’hospitalisation dans un établissement près de Saragosse, une semaine plus tôt, de Brahim Ghali, le secrétaire général du Front Polisario, le mouvement indépendantiste sahraoui en lutte contre « l’occupation marocaine ».

Selon le quotidien espagnol El Pais, Madrid aurait accédé à une requête d’Alger, directement formulée par le ministre algérien des affaires étrangères, Sabri Boukadoum, demandant un accueil sur le sol espagnol pour traitement médical du dirigeant sahraoui, en « danger de mort » après avoir été contaminé par le Covid-19.

Depuis la nouvelle éventée – vraisemblablement par les services marocains – de cette hospitalisation censée demeurer secrète, Brahim Ghali ayant été admis à l’hôpital sous un nom d’emprunt, Rabat n’a cessé de faire monter la pression sur Madrid. Rappelant que le chef sahraoui est visé par des plaintes – y compris en Espagne – pour « viol, torture et violations massives de droits humains », le ministère marocain des affaires étrangères a qualifié le 8 mai la décision espagnole d’« acte grave et contraire à l’esprit de partenariat et de bon voisinage ».

Le Maroc « en tirera toutes les conséquences », ajoute Rabat, qui enjoint Madrid à ne pas « minimiser l’impact » de l’incident, invoquant notamment la « sauvegarde des intérêts stratégiques des deux pays ». Si la rhétorique officielle reste allusive, certains organes de presse marocains proches du régime sont légèrement plus explicites sur la nature de ces « conséquences ». Apparaissent ainsi des allusions à des effets négatifs sur « la coopération sécuritaire », laquelle a permis de « déjouer plusieurs attentats terroristes en Espagne ».

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