Jusqu’ici, elle ne les désignait que sous les mystérieuses initiales « M » et « K ». La procureure générale en Ukraine, Irina Venediktova, a annoncé, mardi 11 mai, que deux influents députés ukrainiens prorusses, Viktor Medvedtchouk et Taras Kozak, étaient formellement « suspects » du crime de « haute trahison », sur fond de tensions avec Moscou, après l’escalade militaire russe aux frontières ukrainiennes en avril. Les deux hommes sont également soupçonnés de « tentative de pillage de ressources naturelles en Crimée », annexée par la Russie en 2014.
Viktor Medvedtchouk, 66 ans, est l’un des hommes les plus puissants du pays. L’oligarque, à la tête d’une fortune estimée à 620 millions de dollars (512 millions d’euros), est le chef de la plate-forme prorusse Pour la vie, le plus grand groupe d’opposition au Parlement. Il est également l’ami intime de Vladimir Poutine, qui est le parrain de sa fille. Considéré comme le représentant officieux du président russe en Ukraine, il accuse régulièrement Kiev de « n’avoir rien fait » pour mettre fin à la guerre avec les séparatistes prorusses dans le Donbass, soutenus en sous-main par Moscou, et plaide, comme la Russie, en faveur d’une fédéralisation du pays.
Le service de sécurité ukrainien (SBU) a dit disposer de « preuves solides d’activités illégales et de coopération [des deux députés] avec le pays agresseur » et a mené, mercredi, des perquisitions dans deux villas luxueuses de M. Medvedtchouk à Kiev et dans une banlieue huppée, ainsi que dans son bureau. Selon le SBU, l’oligarque a partagé des informations sensibles avec le chef d’état-major adjoint de Vladimir Poutine, Dmitri Kozak. Il est notamment accusé d’avoir communiqué l’emplacement des troupes ukrainiennes dans le Donbass, où elles combattent les séparatistes.
Avoirs gelés, chaînes fermées
« C’est absurde, absurde ! », s’est défendu, jeudi, Viktor Medvedtchouk, venu au parquet pour « prendre connaissance » des éléments de son dossier. Il dénonce une « répression politique ». « Je ne vais pas me cacher, je suis prêt à me défendre, car je ne me sens pas coupable », a-t-il ajouté. Taras Kozak n’avait pas encore réagi aux accusations jeudi soir. Selon le SBU, il serait actuellement en Russie et ne compte pas revenir.
Ces nouvelles accusations marquent la volonté de Kiev de lutter contre l’influence russe dans l’ancienne république soviétique. Elles s’inscrivent dans le cadre d’une campagne plus large lancée trois mois plus tôt contre Viktor Medvedtchouk, déjà visé par des sanctions américaines depuis 2014 pour atteinte à la sécurité, à l’intégrité territoriale et aux institutions démocratiques de l’Ukraine. En février, Kiev a ainsi gelé ses avoirs financiers et fait fermer trois chaînes de télévision prorusses, qui appartiennent formellement à Taras Kozak mais sont contrôlées, en réalité, par l’oligarque. Les autorités ont également ordonné la nationalisation de l’un de ses biens les plus précieux, un pipeline de 1 433 kilomètres, qui appartenait autrefois à l’Etat.
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