La tâche est vaste et les moyens limités. Depuis l’affirmation de l’expansionnisme chinois dans la zone indo-pacifique et l’exacerbation en parallèle des tensions sino-américaines, la France tente de défendre ses intérêts dans cette région. Une zone où, comme elle le rappelle souvent, en raison de ses territoires d’outre-mer, elle compte environ 1,6 million d’habitants et 9 millions de km2 de zone économique exclusive (ZEE).
Alors que du 11 au 16 mai a lieu pour la première fois, au Japon, un exercice militaire amphibie de grande ampleur entre les forces armées nippones, françaises et américaines, visant justement à tester un scénario de reprise d’une île à un adversaire éventuel, le ministère de la défense a présenté, le 6 mai, son bilan de deux ans de mise en œuvre de sa stratégie dans la zone indo-pacifique.
Actuellement, quelque 7 000 militaires, une quinzaine de bâtiments et une quarantaine d’aéronefs français sont ainsi déployés dans la zone indo-pacifique. L’ensemble est placé sous l’autorité de cinq commandements zonaux, tandis que Paris entretient un réseau de dix-huit attachés de défense au sein de ses représentations diplomatiques. Si le nombre d’hommes déployés n’a pas augmenté en deux ans, le rythme des exercices, missions et échanges diplomatiques, lui, s’est nettement intensifié, selon le ministère de la défense.
Un souci de visibilité
« Notre stratégie se veut continue et permanente, mais pas désincarnée et incantatoire », a ainsi résumé le général de corps aérien Luc de Rancourt, directeur général adjoint des relations internationales et de la stratégie (DGRIS). Un souci de visibilité qui est notamment passé par une large communication autour du périple du sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Emeraude, rentré à Toulon le 7 avril, après sept mois de mission jusqu’en mer de Chine méridionale – une première depuis vingt ans. D’ordinaire, un secret absolu est maintenu sur les missions en mer des sous-marins français.
En 2019, la stratégie française en zone indo-pacifique avait été aussi incarnée par l’envoi très médiatisé du porte-avions Charles-de-Gaulle jusqu’à Singapour même s’il n’avait pas été en mer de Chine méridionale, où les tensions étaient déjà fortes avec Pékin. « Les enjeux opérationnels à résoudre sont très compliqués » dans cette zone aux antipodes, admettaient, le 6 mai, les gradés interrogés. Mais, ajoutaient-ils, « nous ne serons crédibles que si nous parvenons à répéter de manière régulière ces missions ». Celle du SNA a nécessité deux ans d’anticipation.
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