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A Gaza, « des événements plus sévères que la guerre de 2014 »

Matthias Schmale, directeur de l’UNRWA à Gaza, l’agence des Nations unis pour les réfugiés palestiniens, lors d’une conférence de presse, à Gaza, le 1er février 2021. Matthias Schmale, directeur de l’UNRWA à Gaza, l’agence des Nations unis pour les réfugiés palestiniens, lors d’une conférence de presse, à Gaza, le 1er février 2021.

Dans la bande de Gaza, l’UNRWA, tient lieu de seul filet de sécurité pour une population en immense détresse humanitaire et sociale. Depuis plus de trois ans, Matthias Schmale est le directeur de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. Joint par téléphone, il décrit au Monde la situation dans le territoire enclavé, soumis aux bombardements israéliens, en réponse aux roquettes du mouvement islamiste Hamas.

Quel bilan provisoire faites-vous des affrontements entre les factions armées et l’armée israélienne, qui exposent à nouveau les civils de Gaza ?

On a eu trois jours et trois nuits de tirs de roquettes constants vers Israël, et en rétorsion des frappes israéliennes. Beaucoup de collègues disent qu’il s’agit d’événements plus sévères que la guerre de 2014. Un exemple est notre excellente médecin palestinienne en chef, qui était très fière de dire qu’on n’avait, à l’époque, jamais fermé nos 22 centres de santé. Il y a deux jours, elle a recommandé de le faire, en larmes. « C’est trop chaud », a-t-elle dit, en pensant à notre staff. Les gens étaient paralysés, ils avaient peur de bouger. On espère rouvrir les centres à compter de samedi pour assurer des services minimaux, et reprendre la collecte des poubelles.

Lorsque après la première nuit, on a décidé de s’installer pour raisons de sécurité dans nos bureaux, j’ai traversé Gaza. Je n’avais jamais vu ça en trois ans et demi. C’était une ville fantôme. Dans la nuit du jeudi 13 mai au vendredi 14 mai, un changement a eu lieu, avec des combats intenses dans le nord de la bande et des tirs d’artilleries en provenance d’Israël. Autant que je puisse en juger, ils ne visaient pas délibérément des civils, mais ils ont provoqué une fuite massive d’habitants, effrayés. On compte dès à présent 10 000 déplacés dans une vingtaine d’écoles au Nord et à Gaza-ville, dans un mouvement comparable à 2014.

Au total, on dénombre pour l’instant plus de cent morts et au moins 400 blessés. Parmi les victimes huit enfants qui fréquentaient les écoles de l’UNRWA sont décédés. On avait déjà eu 13 écoliers tués, pendant les deux ans de la « marche du retour » [les manifestations le long de la frontière de Gaza à compter de mars 2018, réprimées par l’armée israélienne]. L’une de mes collègues palestiniennes m’a dit, il y a deux jours, que sa sœur et sa nièce avaient été tuées. L’impact sur les civils est donc direct.

Et en termes de besoins élémentaires ?

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