Après le 29 avril, le silence s’est fait pendant quelques jours, dans les milieux économiques allemands, sur la question climatique. Dans une décision historique rendue ce jour-là, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe a imposé au législateur de préciser sa feuille de route de réduction des émissions après 2030. Elle a surtout inscrit pour la première fois dans la jurisprudence constitutionnelle les risques que le changement climatique faisait peser sur les libertés des générations à venir. Dans toute sa clarté, la décision a remis la question climatique, au cœur du programme des Verts, au sommet de l’agenda politique allemand, devant celle de la relance de l’économie.
C’est un moment de rupture. Jamais encore les milieux économiques et syndicaux allemands, plutôt réticents à une réduction trop rapide des émissions de CO2, n’avaient été confrontés à une pression aussi forte sur la question du climat. Depuis la nomination d’Annalena Baerbock comme candidate des Verts à la chancellerie, le parti est de surcroît passé en tête des intentions de vote. Impossible d’ignorer ce mouvement de fond de la société allemande. Acculées, les deux formations au pouvoir (les conservateurs de la CDU-CSU et les sociaux-démocrates) ont décidé en toute hâte de renforcer les objectifs : la neutralité climatique devra être atteinte non plus en 2050, mais en 2045.
Les Verts au centre du jeu politique, une certaine nervosité s’est emparée des milieux économiques. La grande fédération de l’industrie (le BDI), qui joue un rôle majeur dans le débat politique, a publié, mi-mars, une analyse très critique du programme des écologistes. Elle leur reproche de vouloir instaurer « une économie planifiée » et un « Etat dirigiste », en entretenant « une méfiance fondamentale vis-à-vis des principes de l’économie sociale de marché », pilier du modèle allemand. L’inquiétude de la fédération porte notamment sur le plafonnement des loyers et sur les réticences des Verts envers les traités de libre-échange.
Le « parti des interdictions »
Le texte avait surpris par sa sévérité, car l’industrie s’est ouverte ces dernières années aux écologistes, qui ont quasi abandonné les discours hostiles aux milieux économiques. Les prises de parole d’Annalena Baerbock devant les derniers congrès du BDI ont été très applaudies. « Mais il est évident que des différences demeurent, souligne une source proche des milieux industriels. Les entreprises s’inquiètent de la mise en œuvre concrète des objectifs climatiques. Le risque, c’est que nos industries très consommatrices d’énergie délocalisent en France par exemple, où le courant est à la fois peu cher et faible en carbone. »
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