Alors que les violences se poursuivent dans les villes judéo-arabes du pays, après le début, lundi, des hostilités, l’affrontement entre l’Etat hébreu et le Hamas se répercute, jeudi 13 mai, dans les rues israéliennes. A Lod notamment, ville pauvre proche de Tel-Aviv, la tension est montée, mercredi soir, entre jeunes Arabes et groupes de juifs extrémistes avec des heurts, des voitures incendiées, jets de pierres et cocktails Molotov.
En déplacement dans cette ville, le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a menacé, lors d’une allocution à la presse, de déployer les soldats de l’armée de défense israélienne pour rétablir l’ordre dans les villes mixtes.
« Nous avons lancé la conscription des réservistes de Tsahal qui ont fini récemment leur service et nous pourrons utiliser aussi les soldats de Tsahal. Cela a été fait dans d’autres pays comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et on l’a fait aussi en Israël, notamment pour la gestion de la crise liée au coronavirus », a-t-il déclaré. Quelques heures après, le ministre de la défense israélien, Benny Gantz, a confirmé le rappel de quelque 9 000 réservistes.
Nétanyahou veut « rétablir la loi et l’ordre »
« Notre objectif est d’obtenir des résultats rapides, de rétablir le calme et la sécurité aux citoyens d’Israël et cela commence et s’achève avec le renfort de ces soldats. Ils ont reçu notre soutien », a encore déclaré le premier ministre, aux côtés de policiers en uniforme.
« Tout le monde comprend que cet évènement [les affrontements à Lod] n’est pas ordinaire et que se superposent ici des acteurs criminels et des acteurs qui défient la loi et le cadre de l’Etat israélien. L’opportunité leur est donnée [aux forces de police] d’utiliser tous les moyens, […] n’ayez crainte », a-t-il ajouté. « Il n’y a pas de menace plus importante aujourd’hui que ces émeutes, et il est essentiel de rétablir la loi et l’ordre par tous ces moyens », a-t-il également résumé.
Des canons à eau, ainsi que des arrestations administratives, pourront aussi faire partie de l’arsenal des policiers, épaulés dans les villes mixtes par 1 000 membres de la police des frontières, déployés jeudi. Des mesures strictes sont déjà en place à Lod, où les entrées sont limitées après 17 heures et la ville placée sous couvre-feu à partir de 20 heures.
L’état d’urgence déclaré dans plusieurs villes
Mercredi soir, le pays accusait le choc provoqué par la diffusion des images du lynchage d’un homme, considéré comme arabe par ses agresseurs, des militants d’extrême droite près de Tel-Aviv. Ces images insoutenables montrent un homme sorti de force de sa voiture puis roué de coups par une foule de plusieurs dizaines de personnes, jusqu’à ce qu’il perde connaissance.
Ces violences avaient poussé le premier ministre à déclarer « l’état d’urgence » dans la ville. « Ce qui se passe depuis ces derniers jours dans les villes d’Israël est insupportable… Rien ne justifie le lynchage d’Arabes par des juifs et rien ne justifie le lynchage de juifs par des Arabes », a-t-il déclaré, disant qu’Israël était confronté à un « combat sur deux fronts ».
Quatre jours après le début des affrontements entre Israël et le Hamas, l’escalade militaire n’a pas faibli, jeudi. L’armée israélienne a poursuivi sa campagne de bombardements aériens sur Gaza après une nouvelle nuit de violences. Ces raids ont fait au total 83 morts, parmi lesquels 17 enfants, et près de 500 blessés, selon le Hamas. En Israël, sept personnes ont été tuées, parmi lesquelles un enfant et un soldat, et des centaines ont été blessées par des tirs de roquettes.
Jeudi, en début d’après-midi, le Hamas a affirmé avoir lancé une nouvelle roquette d’une portée de 250 kilomètres en direction du deuxième aéroport israélien Ramon, situé près d’Eilat, dans le sud d’Israël, et a appelé les transporteurs aériens à « suspendre » tous leurs vols vers le pays. Les autorités israéliennes avaient dérouté, mercredi, tous les vols en direction de l’aéroport international Ben-Gourion de Tel-Aviv, vers ce deuxième aéroport.
La réunion de l’ONU annulée, Macron « préoccupé »
Face à l’intensification du conflit, une troisième réunion en urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, publique cette fois-ci et en présence d’Israël ainsi que des Palestiniens, devait se tenir vendredi. Finalement, un porte-parole de la présidence chinoise du Conseil a déclaré, jeudi soir, qu’elle n’aurait pas lieu, des diplomates affirmant que les Etats-Unis s’y étaient opposés.
De son côté, le président de la République française, Emmanuel Macron, s’est dit « préoccupé par l’escalade des violences au Proche-Orient » et « déterminé à œuvrer avec l’ensemble des parties pour y mettre un terme au plus vite ».
Dans un communiqué, l’Elysée précise que le président français s’était entretenu avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, lui demandant notamment d’user « de tous les moyens de son influence pour que le calme soit rétabli au plus vite ». M. Macron doit aussi s’entretenir prochainement avec le premier ministre israélien.
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