Ce n’est pas forcément sur ce terrain qu’on l’attendait en premier. Depuis sa désignation comme candidate des Verts à la chancellerie, le 19 avril, Annalena Baerbock multiplie les interventions sur les questions de politique étrangère et de défense : longue interview à la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le 24 avril ; prise de parole devant l’Académie fédérale des hautes études de sécurité, le 3 mai, à Berlin ; entretien avec le célèbre journaliste américain Fareed Zakaria, lors d’un forum organisé par l’Atlantic Council, le 6 mai.
Le fait que ces sujets occupent une place si importante dans le début de campagne de la candidate des Verts est significatif. Il faut sans doute y voir de sa part la volonté de répondre à ses adversaires, qui ne cessent de répéter que son âge – elle a 40 ans – et son CV – elle n’est que députée et n’a jamais été ministre – en font une prétendante à la chancellerie trop peu capée pour négocier d’égal à égal avec un Vladimir Poutine ou un Xi Jinping.
Il n’empêche. Si ses idées en matière de politique étrangère suscitent une telle curiosité, c’est précisément parce qu’Annalena Baerbock a de vraies chances de succéder à Angela Merkel après les élections législatives du 26 septembre. Et que s’ils entrent au gouvernement, les Verts ont bien l’intention de redéfinir le rôle de l’Allemagne sur la scène internationale.
C’est d’abord vis-à-vis de Moscou et de Pékin qu’ils entendent rompre avec la politique d’Angela Merkel, jugée trop conciliante. Voyant dans la Chine une « rivale systémique » de l’Europe, la chef de file des écologistes souhaite que l’Union européenne (UE) s’engage notamment à ne plus importer de « produits issus du travail forcé ». Une référence à la situation des Ouïgours, dont l’un des plus ardents défenseurs est l’écologiste allemand Reinhard Bütikofer, l’un des cinq eurodéputés récemment sanctionnés par Pékin pour leur soutien à la minorité musulmane du Xinjiang.
Les « contradictions » de Nord Stream 2
Sur la Russie, « il faut exercer davantage de pression » afin notamment de mieux protéger des pays comme l’Ukraine et la Biélorussie, estime Annalena Baerbock.
A la différence de ses deux principaux adversaires, le conservateur Armin Laschet (CDU) et le social-démocrate Olaf Scholz (SPD), la candidate des Verts souhaite également mettre un coup d’arrêt au projet de gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie à l’Allemagne via la Baltique et dont le chantier est achevé à 95 %. « Ce gazoduc est en contradiction avec nos sanctions, il ne peut donc pas fonctionner », assure-t-elle.
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