Publié le : 12/05/2021 – 04:08
Les automobilistes de certains États de la côte est américaine se ruent sur les stations-service de peur qu’une pénurie de carburant se présente, après une cyberattaque d’ampleur contre un réseau d’oléoducs. Le gouvernement se veut rassurant et appelle au calme.
Craignant une large pénurie d’essence après l’attaque informatique d’un important réseau d’oléoducs aux États-Unis, de nombreux automobilistes se sont rués mardi 11 mai à la pompe dans certaines zones de la côte est, poussant les autorités à prendre des mesures d’urgence pour faciliter l’approvisionnement et éviter la panique.
Autour des grandes villes de Caroline du Nord, Atlanta, Raleigh et Charlotte, environ 30 % des stations étaient à court d’essence mardi soir selon le site spécialisé dans le suivi des prix de l’essence GasBuddy. Dans l’ensemble de l’État, plus de 10 % des stations étaient à sec, selon la même source. La situation était aussi tendue en Virginie (8 %), Géorgie (6,9 %) et Caroline du Sud (4,7 %).
Certains conducteurs craignaient de manquer de carburant après la cyberattaque vendredi sur Colonial Pipeline, qui transporte près de 45 % des carburants consommés sur la côte est du pays. L’entreprise s’active depuis à rétablir le service, en rouvrant progressivement certaines lignes de distribution, et espère restaurer l’essentiel de ses activités « d’ici la fin de la semaine ».
« Les gens regardent les infos et prennent peur »
Confirmant cet objectif, la ministre de l’Énergie Jennifer Granholm a assuré mardi qu’il n’y avait « pas de raison de faire des réserves de carburant ». C’est un « problème d’approvisionnement, pas une « pénurie d’essence », a-t-elle martelé depuis la Maison Blanche.
Mais « les gens regardent les infos et prennent peur », raconte le gérant d’une station Exxon à Raleigh qui n’a pas souhaité donner son nom. « Ils remplissent des bidons d’essence. »
Les prix grimpent
Le coût d’un plein était déjà en forte hausse depuis que l’économie américaine a commencé à rebondir. Le prix moyen dans le pays d’un gallon d’essence (3,79 litres) est monté mardi à 2,99 dollars, son plus haut niveau depuis 2014, selon GasBuddy.
La ministre de l’Énergie a assuré que les autorités n’auraient « aucune tolérance » pour les commerçants qui voudraient profiter de la situation en faisant grimper les tarifs.
Par manque de kérosène suffisant à l’aéroport de Charlotte, la compagnie American Airlines a pour sa part dû modifier deux vols long courrier, vers Honolulu et Londres, en y ajoutant un arrêt avant l’arrivée.
Les spécialistes du marché pétrolier ne se sont toutefois pas affolés : le prix du contrat d’essence de référence coté à New York a bien temporairement grimpé dimanche soir, mais il est depuis redescendu.
Rançongiciel
Selon la police fédérale américaine, le piratage informatique a été mené par le groupe criminel Darkside qui a utilisé un rançongiciel, ou « ransomware », un programme qui exploite des failles de sécurité pour encrypter les systèmes informatiques et exiger une rançon pour les débloquer.
Il a touché le plus grand opérateur d’oléoducs pour produits raffinés dans le pays, qui transportent de l’essence et du diesel sur plus de 8 800 kilomètres, depuis les raffineries installées sur la côte du Golfe du Mexique jusqu’au nord-est des États-Unis, dans la région de New York.
Pour atténuer les perturbations, les autorités américaines ont autorisé dès dimanche soir les chauffeurs routiers transportant des produits raffinés à travailler plus longtemps qu’habituellement. Mardi, l’Agence de protection de l’environnement (EPA) a « accordé une dérogation temporaire pour assurer qu’un approvisionnement adéquat en essence soit disponible dans les zones touchées ».
État d’urgence
Les gouverneurs de Géorgie, de Caroline du Nord et de Virginie ont pour leur part déclaré l’état d’urgence afin de faciliter l’approvisionnement, en levant par exemple les limites de poids pour les camions transportant du carburant.
Le ministère des Transports envisage aussi d’éventuellement lever certaines obligations pour faciliter l’acheminement de pétrole par navire depuis le golfe du Mexique vers la côte est.
Colonial Pipeline continue pour sa part à rouvrir progressivement des lignes latérales opérées manuellement, selon un communiqué diffusé mardi soir. Elle assure avoir écoulé l’équivalent de 967 000 barils (environ 41 millions de gallons) depuis l’interruption de ses services et a mis de côté 2 millions de barils prêts à être envoyés dans les oléoducs dès que le système aura complètement redémarré.
Avec AFP
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