En cet après-midi d’avril, Peter Krykant a garé comme d’habitude son engin – une ambulance banalisée – dans une venelle juste derrière Trongate, une des rues les plus commerçantes de Glasgow, capitale économique de l’Ecosse. « Quand je fais quelque chose, je ne le fais pas à moitié », nous lance le quadragénaire, silhouette élancée en polaire et baskets, en montrant sa salle de consommation de drogue ambulante, la première du genre au Royaume-Uni, qu’il a inaugurée l’été précédent.
Peter Krykant est devenu une figure des milieux associatifs écossais, un des principaux avocats d’une meilleure prise en charge des junkies. Bravant les autorités, pestant contre l’inaction du gouvernement écossais dirigé par le parti indépendantiste SNP, il veut mettre un terme, à son niveau, à un cercle vicieux (manque de fonds, législation inadéquate, prise en charge trop lente, détresse sociale) qui a tué 1 264 personnes par overdose en 2019, trois fois et demie plus qu’ailleurs au Royaume-Uni.
En proportion de sa population, l’Ecosse détient le record européen des morts par overdose. Pour faire avancer cette cause, Peter Krykant s’était même présenté aux élections parlementaires écossaises du 6 mai, en tant qu’indépendant, dans une circonscription de sa ville natale, Falkirk East (centre-sud de l’Ecosse).
Un projet de prévention des infections au VIH
« En 2009, il y avait eu 5 morts par overdose à Falkirk, en 2019, 41 ! », déplore Peter, qui prône par ailleurs plus d’aides financières aux familles modestes, qui souffrent depuis des années d’un manque d’accès aux transports publics et aux logements, bien trop coûteux. Le SNP est parti pour une victoire importante, avec une cheffe, Nicola Sturgeon, l’actuelle première ministre, très populaire et une bonne part de la population écossaise désormais sensible à la cause indépendantiste. « Si j’arrivais deuxième dans la circonscription, ce serait un miracle et cela me donnerait une plateforme pour aider au changement. »
« On distribuait des seringues stériles aux addicts, mais on laissait les gens s’injecter leur drogue dans leur environnement, absolument pas sécurisé. J’en ai eu assez, alors j’ai lancé ce projet. » Peter Krykant
Car Peter Krykant n’en peut plus du statu quo : « Il y a vingt ans, j’étais pareil, je me droguais à 300 mètres d’ici. Aujourd’hui, au même endroit, il y a toujours autant de seringues par terre », raconte-t-il. Dans ce quartier de Glasgow, tout proche de la gare centrale, environ 500 personnes se droguent quotidiennement – la plupart sont sans domicile fixe, mais relogées dans des hôtels depuis le début de la pandémie.
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