ReportageCinq Israéliens ont été tués par des tirs de roquettes et au moins 35 Palestiniens sont morts dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza.
A quel instant ce qu’il est convenu de nommer une escalade de violences s’emballe-t-elle pour devenir une guerre ? Mercredi 12 mai au matin, le gouvernement israélien subissait une intense pression pour enchérir dans sa plus sérieuse confrontation avec le Hamas depuis le dernier conflit de l’été 2014, qui a fait cinq morts en moins de deux jours côté israélien, dont trois femmes et une enfant, et au moins 35 morts dans la bande de Gaza, parmi lesquels 12 enfants, selon les autorités locales.
Les mêmes hommes sont aux commandes : le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, et son ministre de la défense, Benny Gantz, auparavant chef d’état-major. Son second, Gabi Ashkenazi, lui a succédé à ce poste. Une équation similaire se présente à eux : en 2014, la guerre déjà n’était pas souhaitable, selon ces responsables. Déjà ils ne pouvaient afficher aucun but de guerre clair, aucun plan de sortie, sinon leur volonté de punir le Hamas, d’affirmer clairement la supériorité militaire d’Israël – un message de dissuasion adressé tout autant au Hezbollah libanais, à la frontière nord – et de réduire durablement ses capacités militaires. Le conflit avait malgré tout duré cinquante jours.
Mercredi, ces décideurs pouvaient se considérer pris de vitesse par le Hamas depuis le début de ses frappes, lundi soir. Plus de 1 000 roquettes ont été tirées depuis lors de la bande de Gaza sur Israël, selon l’armée israélienne. Durant toute la guerre de 2014, 4 500 roquettes avaient été tirées. En lançant, à partir de 20 h 48, heure locale, un barrage de plus d’une centaine de roquettes sur la métropole de Tel-Aviv et sur le centre du pays, le mouvement islamiste a envoyé des millions d’Israéliens dans les abris durant une demi-heure. Le trafic aérien a été suspendu à l’aéroport David-Ben-Gourion. Ces frappes représentent le barrage de saturation du système de défense antimissile Dôme de fer le plus intense qu’ait subi une grande ville israélienne.
Ils « paieront un prix élevé »
Annoncées avec une demi-heure d’avance par le mouvement islamiste, elles ont suscité un feu d’artifice de leurres et de tirs antiroquettes au-dessus de la ville balnéaire, visible à des kilomètres à la ronde, sur les plages. En cette soirée insouciante de l’ère vaccinale, alors que l’épidémie de Covid-19 s’efface des mémoires, les terrasses de la rue Dizengoff se sont soudain vidées. Des clients paniqués sont partis sans payer ou ont rejoint les caves et les parkings, derrière les immeubles. Une demi-heure plus tard, les commerçants pliaient boutique un à un, pour laisser cette rue de plaisirs printaniers aux promeneurs de chiens et aux livreurs à vélo.
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