Depuis lundi, la tension s’est de nouveau tendue entre Israël et Gaza. Plus de mille roquettes auraient été envoyées en direction de l’état hébreu qui n’a pas tardé à riposter en frappant la bande de Gaza. Au cours de ces combats, au moins 40 personnes ont été tuées et plusieurs centaines blessées de part et d’autre de la frontière. A quelques dizaines de kilomètres de là se trouve la ville d’Ashdod où évolue depuis l’été dernier le basketteur français Arthur Rozenfeld.
A 26 ans, Arthur Rozenfeld a déjà pas mal bourlingué. Formé à l’ASVEL, il a ensuite arpenté la France dans tous les sens, de Boulogne sur Mer à Vichy-Clermont, en passant par Roanne, Chalon ou Bourg-en-Bresse. Mais l’été dernier, le meneur de jeu originaire de la banlieue lyonnaise se décide à tenter sa chance à l’étranger. « J’avais la possibilité d’aller en Israël presque tous les ans, des coaches et des agents m’approchaient et le covid a accéléré les chose parce que je n’avais pas beaucoup d’options en France », explique-t-il. Arthur Rozenfeld avoue aussi avoir été grandement inspiré par la réussite de Frédéric Bourdillon, à Israël depuis 2017 et champion la saison dernière avec le Maccabi Tel-Aviv. Pour le Lyonnais, c’est direction Ashdod, à 40 kilomètres au sud de la capitale.
Les premiers mois à Israël se passent sans problème. Il participe à la belle saison de son club, le Maccabi Ashdod en deuxième division, en étant l’un des meilleurs passeurs du championnat. Mais il n’y a pas que le basket dans sa vie. « Je suis parti pour le basket mais aussi pour la vie d’à côté. » Grâce à la stratégie vaccinale de l’état hébreu, il profite rapidement des restaurants et de la plage avec ses coéquipiers. Seulement deux alertes à la roquette viennent troubler la quiétude de la ville située à quelques encablures de la frontière avec la bande de Gaza.
Des matchs interrompus par les alertes
Mais tout bascule ce lundi 10 mai. En ce jour de célébration par Israël de la « libération de Jérusalem » à fin de la guerre des Six Jours, des émeutes éclatent sur l’esplanade des mosquées entre des Palestiniens et la police israélienne. En représailles, le Hamas tire des dizaines de roquettes en direction de la ville trois fois sainte avant de viser Tel-Aviv. De son côté, Israël ne tarde pas à riposter en ciblant Gaza. Les alertes à la roquette se multiplient. Ce mercredi, en début d’après-midi, Arthur Rozenfeld en a déjà reçues une dizaine sur son smartphone et près d’une centaine depuis le début de la semaine. Des matchs de basket sont même interrompus par ces alertes.
Le Français devait d’ailleurs jouer un match de playoffs ce mardi soir. Mais face au risque, la rencontre a été annulée. « Moi, c’est impossible que je vive ça, prévient Rozenfeld. S’il n’y a pas un minimum de sécurité, parce que ça peut frapper à n’importe quel endroit, je ne peux pas jouer dans de bonnes conditions. Surtout avec l’importance des matchs. » La rencontre face à l’Hapoël Afula a été reprogrammée ce vendredi mais rien n’est encore certain quant à sa tenue. « Je ne vois pas comment on peut aborder correctement ce match super important, s’inquiète-t-il. On avait entraînement ce matin et les Américains ont préféré rester chez eux, ce qui est normal. Moi, quand je suis allé à la salle, j’ai pris ma voiture et j’ai roulé le plus vite possible. S’il y a une alerte alors que tu es en voiture, le mieux que tu puisses faire c’est t’allonger sur le sol. C’est plus safe de rester chez soi. »
« Avant c’était le covid et maintenant c’est la guerre »
Désormais, le Français reste chez lui et s’est habitué à se réfugier à chaque alerte dans sa safety room, une pièce de son appartement censée resister aux impacts de roquettes. Mais s’il devait retenir du positif de cette période, c’est bien la solidarité de ses coéquipiers. « Mes coéquipiers m’ont tous envoyé un message pour demander si j’allais bien ou me proposer d’aller chez eux. On sent vraiment une belle unité », reconnaît Rozenfeld. Une autre personne lui a également proposé de l’héberger: son ami Frédéric Bourdillon, l’autre Français d’Israël. Lui joue à Holon, dans la banlieue de Tel-Aviv. Ce mardi soir, il a été témoin de la chute d’une roquette en pleine rue blessant un chauffeur de bus. « On a parlé presque toute la nuit ensemble » continue celui qui n’a dormi que deux heures la nuit dernière.
Si l’issue de ce conflit vieux de plusieures décennies est plus qu’incertaine, Arthur Rozenfeld espère bien évidemment pouvoir reprendre une vie normale et retrouver les parquets au plus vite. « C’est vraiment frustrant, rage-t-il. Avant c’était le covid et maintenant c’est la guerre. » Emmené par son Français, le Maccabi Ashdod espère retrouver l’élite israélienne un an après l’avoir quittée. L’occasion pour Arthur Rozenfeld de « montrer qu’il peut être un leader et emmener son équipe en première division. »
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