Lex Greensill a endossé mardi l’ »entière responsabilité » de la faillite de sa société financière Greensill mais se défend de toute fraude dans ce scandale aux nombreuses retombées politico-économiques.
Le banquier australien, fondateur de cette entreprise de prêts qui s’est effondrée en mars, s’est exprimé dans une courte déclaration en ouverture d’une très attendue audition par visio-conférence devant la commission du Trésor du Parlement britannique.
« Je porte l’entière responsabilité pour la faillite de Greensill », a déclaré Lex Greensill, se disant « triste pour les plus de 1.000 personnes qui ont perdu leur emploi ».
« Pour tous ceux qui sont affectés par cela, je suis vraiment désolé », notamment les clients de Greensill qui ont subi des « épreuves », a ajouté l’homme d’affaires.
« Etes-vous un escroc ? » a lancé la députée travailliste Siobhain McDonagh à M. Greensill. « Non je ne le suis pas », a répondu le banquier.
« Je continue de penser que l’activité que nous avons proposée a aidé l’ensemble de l’économie », ajoutant que « tout actif financier comporte des risques ».
« Nous avons finalement échoué. Donc clairement il y avait une faille dans notre activité », a-t-il toutefois reconnu.
L’empire du magnat de l’acier Sanjeev Gupta, GFG, l’un des principaux clients de Greensill, a été touché de plein fouet et cherche désormais désespérément des liquidités.
Interrogé sur GFG durant l’audition, M. Greensill a dit « ne pas être en mesure de faire de commentaire sur un client particulier ».
Mais il a reconnu que Greensill avait une « concentration trop élevée sur certains clients ».
M. Gupta, qui a été brièvement actionnaire de Grensill selon Lex Greensill, avait lui admis que son groupe devait des milliards de dollars à la société financière.
GFG cherche désormais à éviter des fermetures d’usines chez son bras sidérurgique Liberty Steel et a lancé la recherche de repreneurs pour ses sites français Ascoval et Hayange.
Le gouvernement avait précédemment refusé de lui prêter des fonds, évoquant le caractère « opaque » de GFG.
Lex Greensill a par ailleurs attribué l’effondrement de son entreprise qu’il a fondée au retrait d’une couverture fournie par un assureur, Tokio Marine, inquiet de la situation financière du groupe, dans un contexte tendu pendant la crise sanitaire.
Le nom de Lex Greensill restera associé à l’une des affaires financières les plus retentissantes de ces dernières années.
Ce fils d’une famille de planteurs de canne à sucre a fondé Greensill en 2011, une société financière spécialisée dans les prêts à court terme aux entreprises pour qu’elles paient leurs fournisseurs.
– Pression et lobbying intense –
Sa société a grandi à l’abri des regards mais le château de cartes a fini par s’effondrer, la pandémie ayant fragilisé des clients et donc la fiabilité des créances sur lesquelles était bâti son modèle. A cela se sont ajoutés des doutes sur l’opacité de sa structure et des soupçons de fraude comptable.
Le gendarme financier britannique, la FCA (Financial Conduct Authority) a d’ailleurs révélé mardi dans une lettre adressée à la commission du Trésor avoir ouvert une enquête, estimant que certaines allégations sur les circonstances de la faillite « sont potentiellement de nature criminelle ».
La branche opérationnelle de Greensill a déposé le bilan au Royaume-Uni en mars, tandis que la maison-mère enregistrée en Australie a été liquidée en avril.
L’affaire a eu des retombées politiques au Royaume-Uni et a ravivé le débat sur les liens étroits dans les hautes sphères politico-financières.
David Cameron, qui s’exprimera jeudi devant la commission du Trésor, est vertement critiqué pour ses activités de lobbying intense auprès du gouvernement britannique pour le compte de Greensill.
L’ex-Premier ministre était conseiller de la société financière dont il détenait de lucratives stock options – qui ne valent aujourd’hui plus rien.
Dans des documents dévoilés mardi par la commission du Trésor, il apparaît que l’ex-dirigeant conservateur et son équipe ont envoyé pas moins de 45 mails, SMS ou messages WhatsApp à des responsables gouvernementaux et financiers en moins de quatre mois en 2020.
Le ministre des Finances Rishi Sunak avait lui admis avoir « fait pression » sur ses équipes pour examiner la requête de M. Cameron pour le compte de Greensill, qui cherchait à bénéficier de subsides gouvernementales dédiées à aider les PME face à la crise, mais in fine sans succès.
Une enquête indépendante a par ailleurs été lancée par le Premier ministre Boris Johnson.
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