Il est difficile de sous-estimer l’ampleur de cet échec, pour les autorités israéliennes. En ce « jour de Jérusalem », lundi 10 mai, date commémorative de la conquête et de l’annexion de la part orientale de la ville à la faveur de la guerre de 1967, Israël devait célébrer la « réunification » de la cité sainte. Ce terme s’est vidé de tout sens, comme une fausse monnaie, tôt lundi matin. C’est une journée de résistance palestinienne, jour de barricades, qui s’est ouverte. En évacuant manu militari l’esplanade des Mosquées, le cœur vivant de la cité musulmane, les autorités reconnaissent de facto que l’Est de la ligne verte demeure une ville palestinienne, occupée et inaliénée.
Des milliers de Palestiniens ont passé la nuit dans le sanctuaire d’Al-Aqsa, certains accumulant des tas de pierres en prévision de cette journée. A six heures et demie, peu avant l’ouverture des portes, la police a annoncé que les juifs ne seraient pas autorisés à s’y rendre aujourd’hui. Des militants juifs entendaient y prier, en violation du statu quo en vigueur. Durant le week-end, tardivement, Washington, les Nations unies, la Jordanie, gardienne des lieux saints, mais aussi des monarchies arabes, le Qatar et le nouvel allié émirati, ont fait pression sur Israël, pour qu’il tempère des opérations policières démesurées ces derniers jours.
Sur les vidéos amateurs diffusées en temps réel depuis l’esplanade, des policiers en tenue antiémeute se serrent derrière des rangs de boucliers pour progresser sur les dalles, jonchées de milliers de pierres. Un feu continu de grenades assourdissantes explose sur les tapis à l’intérieur même de la mosquée Al-Aqsa, où de jeunes gens tentent de repousser les policiers, à la porte, à coups de pierres. D’autres explosent dans la partie réservée aux femmes, suscitant des cris de peur. Peu après, la mosquée paraît vidée. L’essentiel des heurts se concentre à l’extérieur, où les forces israéliennes repoussent les Palestiniens vers les portes du Nord du site. Le Croissant-Rouge palestinien évacue des blessés avec peine : il en évoque plus de 305 blessés, dont 200 hospitalisés, heurtés au visage et par l’inhalation de fumées.
Vers 9 h 30, ces affrontements se réduisent, la plupart des Palestiniens semblent avoir été évacués de l’enceinte. La police estime cependant que des milliers y demeurent barricadés. De petits groupes se tiennent les mains levées, dos au mur. D’autres mènent encore des chassés-croisés avec des unités de la police, montées sur la plate-forme qui entoure le dôme du rocher. Des secouristes palestiniens, en veste orange, parcourent les jardins arborés, à la recherche de blessés.
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