« Nous nous étions préparés pour des festivités, pas pour des célébrations dignes du Nouvel An… » La déléguée du gouvernement espagnol à Madrid – l’équivalent du préfet –, Mercedes Gonzalez, n’en a pas cru ses yeux quand, dans la nuit de samedi à dimanche, des centaines de jeunes ont pris d’assaut le centre-ville de la capitale, tout comme de Barcelone ou de Salamanque, pour fêter la levée de l’état d’alerte sanitaire, sans masque ni distance de sécurité, aux cris de « Liberté, liberté ! » « Il faut être libre : y en a marre de tellement de restrictions », affirmaient les uns, dansant, ivres, face aux caméras de télévision. « On est fatigués de la pandémie », renchérissaient d’autres, bouteille à la main, parlant de leur « émotion », de leur « joie » d’« être en contact », de « chanter et s’amuser ».
A minuit, samedi 8 mai, l’état d’alerte sanitaire a pris fin en Espagne, le gouvernement central ayant renoncé à demander sa prolongation au Parlement. Avec un taux d’incidence de 80 cas par 100 000 habitants sur sept jours, l’exécutif de gauche, mené par le socialiste Pedro Sanchez, a estimé que le maintien de cet état d’exception qui limite des droits fondamentaux, en vigueur depuis le 25 octobre 2020, n’était plus indispensable. La principale conséquence a été le rétablissement de la libre circulation entre les régions, mises sous cloche depuis le mois d’octobre, mais aussi la fin des limites aux rassemblements publics et la levée du couvre-feu dans la plupart des régions.
Pour le reste, chaque région est appelée à prendre ses propres mesures de contention de l’épidémie. La plupart ont ainsi décidé de fermer les restaurants et bars à 23 heures ou minuit. Les jauges y sont toujours limitées. Les villes ou quartiers les plus touchés par la pandémie devraient pouvoir être confinés, avec l’aval de la justice. Et le respect des gestes barrières reste de rigueur.
Appels à la « responsabilité »
L’exécutif ne s’attendait donc pas aux débordements observés. « La fin du décret d’état d’alerte n’était pas la fin du Covid-19 ni des risques », a rappelé le directeur du Centre de coordination des alertes sanitaire, Fernando Simon, qui s’est dit « très déçu ». Pour autant, le gouvernement n’entend pas revoir sa copie.
« A l’heure actuelle, toutes les communautés autonomes [les régions fortement décentralisées] disposent des instruments juridiques suffisants pour faire face à la situation de la pandémie », a encore insisté M. Sanchez, lundi, alors que la controverse sur les images de liesse grandissait dans le pays. Confiant dans la situation sanitaire et l’avancée de la vaccination, le chef du gouvernement a estimé que, le 18 août, 70 % de la population aura été vaccinée. « Nous sommes à cent jours de parvenir à l’immunité de groupe », a-t-il assuré.
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