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Les dirigeants des loisirs indoor inquiets face au « mur de la dette »

Un vent d’inquiétude plane sur le secteur des loisirs indoor. « Les entreprises sont au plus mal. Elles ont perdu leur saison haute – d’octobre à mars – et ne savent pas si la saison basse et les aides de l’État vont leur suffire pour survivre », s’alarme Evelyne Villame, présidente de l’association Space des loisirs indoor de France, qui défend 400 établissements, soit 2.000 salariés.

Il faut dire que les établissements de loisirs intérieurs comme les bowling, escape game, laser game, parcs pour enfants, etc. ont effectivement des spécificités bien à eux. La majorité de leur chiffre d’affaires est réalisée pendant la période qui s’étend des vacances scolaires d’octobre à celle de mars, puis leurs différents bénéfices leur permettent de tenir l’été: « Alors, imaginez quand nous restons fermés l’hiver. C’est comme si vous enleviez l’été aux stations balnéaires ou l’hiver aux pistes de ski », ajoute la présidente, également co-fondatrice des Guilli Parc, pour enfants. Et cette situation, c’est exactement ce qui s’est passé en 2020.

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Prise en charge jusqu’à 90% de leurs charges fixes

Pour soutenir leur trésorerie, l’État a d’abord mis en place plusieurs mesures: 1.500 euros d’aides par mois, de mars à octobre, puis un fonds de solidarité

jusqu’à 10.000 euros maximum jusqu’en novembre. En décembre 2020, l’aide pouvait aller jusqu’à 20% de leur chiffre d’affaires de 2019. Enfin, depuis janvier, 90% des charges fixes sont remboursées aux entreprises de moins de 50 salariés et 70% pour les autres.

« Jusqu’ici, les mesures n’étaient pas suffisantes! L’État nous aide enfin à couvrir une partie de nos charges et notamment notre loyer, en moyenne 9.000 euros par mois pour 1.100m² pour les parcs pour enfants. Nous demandons que cette aide continue même si nous rouvrons cet été », précise Rony Kikano, directeur général des parcs pour enfants Okidok et pilote de la commission économique de l’association Space.

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Du côté des parcs pour enfants, la réouverture est envisagée pour le 30 juin. « Nous attendons l’aval du ministère de la Santé. Les enfants se touchent quand ils jouent, le risque est présent. Nous ne pouvons pas ouvrir coûte que coûte, nous devons nous assurer de leur sécurité », ajoute Rony Kikano, qui possède six parcs dans l’est de la France.

Pour les autres et notamment les escapes games, cap sur le 9 juin! « Nous sommes sûrs à 95% de rouvrir début juin. On va faire ce que le gouvernement nous demande, mais nous avons déjà tout mis en place: gel à disposition, embauche d’une personne pour le nettoyage des salles entre deux parties, réservation obligatoire », affirme Guillaume Groell, co-fondateur des escapes games John Doe, représentant 100.000 joueurs par an. Implantée dans cinq villes en France, cette enseigne a perdu 60% de son chiffre d’affaires en 2020, comparé à son objectif. « La trésorerie est très tendue: nousn’ avons aucune rentrée d’argent, les aides ont été trop tardives et le principal problème reste les dettes », ajoute-t-il.

Mur de la dette

Les entreprises se retrouvent en effet face au « mur de la dette ». Pour sortir de la crise, elles ont contracté des prêts garantis par l’État (PGE), puis les ont épuisés et ont dû faire de nouveaux emprunts, auprès des banques. « Certaines étaient déjà endettées avant la crise et les échéances arrivent à grands pas. D’un autre côté, les banques ne sont pas très coopératives pour allonger les délais, ce qui est problématique », analyse Evelyne Villame. « Dès la réouverture, il va falloir réinvestir pour amener de la clientèle, mais c’est impossible sans argent et aujourd’hui, nous n’avons aucun soutien des banques », confie Guillaume Groell. Les obstacles s’accumulent pour les différents établissements. « Notre trésorerie est dans le rouge, la date de réouverture est incertaine, les banques ne jouent pas le jeu et nous perdons des employés, préférant un emploi à temps plein que du chômage partie », s’alarme de son côté Rony Kikano.

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Le directeur de parcs pour enfants se demande comment les enfants, accompagnés généralement de leurs grands-parents – personnes à risques face au virus- vont remettre les pieds en salle alors que les endroits à l’extérieur sont présentés comme moins risqués, face au virus. « Les Français se précipitent pour réserver leurs vacances dans les régions ensoleillées, nous craignons que les visiteurs ne soient pas présents lors des différentes réouvertures », confirme Evelyne Villame.

« Nous allons payer la crise encore deux bonnes années »

Guillaume Groell, gérant de trente salles d’escape games en France a imaginé, dès le premier confinement, un concept de missions à imprimer chez soi, pour continuer à jouer et surtout pour garder contact avec sa précieuse clientèle. « Nous espérons vraiment que la réouverture portera ses fruits, pour que l’on s’en sorte, mais la trésorerie ne va pas se remplir si vite », ajoute-t-il. En effet, de nombreux clients ont déjà payé leurs futures parties: réservées l’an dernier puis annulées à cause des différents confinements, les établissements avaient donné des avoirs, à utiliser dès la réouverture. « S’il faut, nous ferons en plus des promotions pour ramener de la clientèle, mais cela ne fera qu’aggraver la situation. J’estime que nous allons payer les effets de la crise encore deux bonnes années », conclut-il.

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