Thomas Tuchel, Thiago Silva (Chelsea), Unaï Emery (Villareal) et Edinson Cavani (Manchester United) vont tous disputer une finale de Coupe d’Europe cette année. Une consécration pour ces quatre hommes, qui ont gardé un goût amer de la fin de leur histoire avec le PSG.
Loin de Paris, près du succès ? Avec Chelsea,Thomas Tuchel et Thiago Silva disputeront la finale de la Ligue des champions le 29 mai prochain, à Istanbul. Unai Emery (Villarreal) et Edinson Cavani (Manchester United) sont, eux, qualifiés pour celle de la Ligue Europa, le 26 mai. Ces quatre hommes ont beau avoir été écartés par le PSG, ils ont su rebondir vers les hauts sommets européens.
Pour l’entraîneur Thomas Tuchel, la rupture avec le PSG a été la plus brutale : après deux ans et demi de bons et loyaux services, avec à la clé la première finale de la Ligue des champions de Paris, son licenciement lui a été signifié le 23 décembre lors d’un tête-à-tête avec le directeur sportif Leonardo.
« Professionnellement, j’ai passé un Noël de merde, mais je pense que j’ai eu le meilleur cadeau », disait-il en rigolant, à la radio anglaise.
Concentré sur la gagne
Loin de traîner son spleen, il retrouve très vite un banc à Chelsea, en remplacement de Frank Lampard. Il appose très vite sa marque sur l’effectif des « Blues » : défense compacte, pressing haut, mentalité gagnante. En 24 rencontres, Thomas Tuchel n’a connu que deux défaites avec les Londoniens. Un coaching gagnant alors que son remplaçant à Paris, Mauricio Pochettino, dit encore avoir besoin de temps pour imposer sa patte.
La solide victoire face au Real Madrid en demi-finale a fait de lui le premier entraîneur à connaître deux finales de C1 consécutives dans deux clubs différents. Fairplay au micro de RMC sport, il a indiqué qu’ »il n’avait rien contre Paris ».
Pourtant, encore en place, Thomas Tuchel avait souvent critiqué le recrutement du Paris-SG et plus largement, sa gouvernance. Avoir comparé son rôle d’entraîneur du PSG à celui d’un « un politicien du sport » ou d’un « ministre des Sports », dans un club, selon lui, « où il ne s’agit pas toujours de football » a semble-t-il constitué le camouflet de trop.
À Chelsea, l’Allemand semble davantage épanoui, heureux de n’avoir à se concentrer que sur le terrain :
« Ici, j’ai trouvé un club très fort, concentré sur la victoire. Avec une mentalité forte au centre d’entraînement et beaucoup de soutien pour moi depuis le premier jour », expliquait-il après la qualification en finale. « Je vais vivre une deuxième finale de Ligue des champions. Mais ce n’est pas pour montrer quoi que ce soit au PSG ou quelque chose d’autre.[…] À Paris, c’était différent, car la culture est différente. »
« J’ai eu une sortie par la porte de derrière »
À Chelsea, Thomas Tuchel a retrouvé un autre déçu de Paris, l’ancien capitaine Thiago Silva, qui reste amer après son départ. Détenteur d’un passeport français depuis deux ans, le défenseur brésilien s’est enraciné au PSG (2012-2020), où il figure dans le top 10 des joueurs comptant le plus d’apparitions (8e place, 315 matches). Il digère encore mal son départ du club dans un relatif anonymat, après la finale de Ligue des champions perdue face au Bayern en août 2020.
« La tristesse, c’est que je suis le capitaine qui a gagné le plus de titres avec le PSG et que j’ai eu une sortie par la porte de derrière », regrettait-il au micro de Canal + en décembre. « D’abord je n’ai pas eu de proposition pour prolonger mon contrat. Leonardo m’a appelé et il m’a dit que je ne faisais pas partie du projet et que je pouvais partir. […] À mon avis, ils avaient changé d’idée après la Ligue des champions, où j’ai montré des qualités. Ce qui me rend triste, c’est qu’après huit années passées là-bas, je suis jugé sur trois matches. Tout ce que j’ai fait avant, ça ne sert à rien. »
« Le PSG a fait son choix, de me laisser partir, de dégager Tuchel aussi. C’est difficile à expliquer, pour moi c’était triste, mais le plus important c’est qu’on soit contents ici avec Chelsea. C’est notre rêve aussi de gagner la Ligue des champions cette année. C’est spécial, surtout car jusqu’à 35 ans, je ne suis jamais allé en demie, et en deux ans je suis deux fois en finale », a encore insisté le défenseur central après le match contre le Real Madrid.
« Ce n’est pas une revanche contre le PSG. Le club a fait le choix de me laisser partir et de dégager Tuchel aussi. C’était triste pour moi mais je suis heureux désormais ici »
La satisfaction de Thiago Silva de rallier encore la finale de C1, un an après avec le PSG. pic.twitter.com/vine4tSwu7
— RMC Sport (@RMCsport) May 5, 2021
Comme Thiago Silva, Edinson Cavani n’a pas connu l’été dernier le départ que son statut de meilleur buteur de l’histoire du PSG (200 buts) lui octroyait. Pis, il a quitté la capitale dès juin, sans avoir prolongé pour le « Final 8 » de C1, ne s’estimant pas redevable envers une direction qui avait bloqué jusqu’au bout son transfert, lui faisant perdre une place à l’Atletico Madrid dirigé par son compatriote Diego Simeone.
La direction a préféré miser sur Mauro Icardi, plus jeune (28 ans contre 34). Un an plus tard, la méforme chronique de l’Argentin, qui pourrait quitter Paris au prochain mercato, tranche avec la réussite de l’Uruguayen avec Manchester United.
Cavani resplendissant à Manchester United
Le « Matador » a marqué un doublé à l’aller (6-2) comme au retour (2-3) pour éliminer la Roma et se qualifier pour la finale de la Ligue Europa. Avec 14 buts toutes compétitions confondues, il affiche un meilleur rendement que son successeur (12).
La finale de Ligue Europa a forcément un goût de revanche pour l’Uruguayen, face à un PSG qui tente de le gommer de l’histoire, ne l’affichant pas sur un visuel célébrant les 50 ans du club malgré son statut de meilleur buteur.
“Il est normal que certains soient dérangés par la photo, mais c’est là que vous réalisez comment ils (les dirigeants du PSG, NDLR) gèrent. Cela fait partie de la vie. C’est choquant, mais ce sont des choses qui arrivent..”, avait-il commenté, après cette « affaire ».
Si il reste probablement amer envers la direction du PSG, Edinson Cavani avait tout de même pris le temps de filmer un message d’amour aux supporters parisiens, qui l’ont toujours soutenu.
» Je suis ici pour remercier tout le monde. À vous les supporters qui m’avez donné votre cœur, doucement, avec le temps. C’était un amour qui a grandi avec le temps. C’est quelque chose de très important pour moi, quand les choses se font grâce aux sacrifices, au travail et aux résultats. Ça me fait très plaisir. C’est pour ça aussi que ça va rester, tous ces moments qu’on a passés ensemble, même les moins bons moments, qui font aussi partie de la vie », expliquait l’attaquant en Français. « Alors merci, merci beaucoup. À toutes les personnes qui travaillaient à Paris, qui ont fait les choses avec de l’affection pour moi. C’est quelque chose d’important et ça va rester dans ma tête et mon cœur. Mais la vie va continuer. Le football est comme ça, la vie aussi parfois. J’ai été très fier de vous défendre pendant les sept ans que j’ai passés avec vous. Merci aux supporters et à tout le monde à Paris. Un gros bisou. Ciao. »
La « revanche sportive » d’Unaï Emery
En finale de Ligue Europa à Gdansk le 26 mai, Cavani va retrouver un autre ancien entraîneur au PSG (2016-18) Unaï Emery. Trois fois vainqueur de la C3 avec Séville (2014, 2015, 2016), le Basque a atteint deux autres finales depuis qu’il a quitté Paris, avec Arsenal (2019, défaite), et donc Villarreal aujourd’hui.
Au Paris Saint-Germain (2016-2018), Emery avait certes remporté sept trophées, dont le titre de champion de France en 2018. Mais il reste l’entraîneur qui dirigeait le PSG lors de l’humiliante « remontada » contre le FC Barcelone en 8e de finale retour de Ligue des champions en 2017 (4-0, 1-6). Une déroute qui lui a valu un non-renouvellement de son contrat à la fin de la saison.
Mais Emery sait se montrer coriace, lui qui vient d’éliminer son ancien club Arsenal (2-1, 0-0). « C’est une revanche sportive », a-t-il déclaré.
Des quatre hommes, il est peut être celui qui s’avère le moins amer envers le PSG, le recul aidant sûrement. En février 2020, il déclarait ainsi à France football : « À Paris, je pouvais devenir le meilleur entraîneur du monde. J’ai raté cette occasion. »
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