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Des violences s’accumulent à Jérusalem sur fond d’un dangereux vide politique

La police israélienne disperse des Palestiniens, à Jérusalem, le 7 mai 2021. La police israélienne disperse des Palestiniens, à Jérusalem, le 7 mai 2021.

Les heurts locaux, qui s’accumulent à Jérusalem-Est depuis un mois, ont touché vendredi 7 mai au cœur de la ville, à Al-Aqsa, et changé de nature. Dans la soirée, les forces de l’ordre israéliennes ont dispersé violemment des Palestiniens sur l’esplanade des Mosquées, en blessant plus de 175, tandis que six policiers israéliens ont dû être soignés.

Le Croissant-Rouge palestinien a monté un hôpital de campagne sur le site, pour traiter des blessures au visage et aux yeux, dues à des balles de métal cernées de caoutchouc et à des éclats de grenades assourdissantes tirées par la police et les gendarmes. Plus tard dans la soirée, des fidèles se tenaient dans l’enceinte de la mosquée d’Al-Aqsa, dans les vapeurs de grenades – l’une d’elles, ou bien un lourd éclat, est allée finir sa course sur un tapis à l’intérieur.

Pendant ce temps, les haut-parleurs de la mosquée appelaient les plus jeunes à la retenue, et la police à partir. La Jordanie, gardienne des lieux saints musulmans à Jérusalem-Est, a dénoncé une « agression sauvage » de la part des forces de sécurité. De telles scènes, dont les images se diffusent en temps réel, les forces de l’ordre israéliennes aurait dû par tous les moyens chercher à les éviter, à la veille de la « nuit du destin », important rassemblement de la fin du mois de ramadan, samedi. Et à trois jours des défilés habituels de colons juifs dans la Vieille Ville, lundi, date anniversaire de la conquête de la part palestinienne de Jérusalem, en 1967, et de son annexion par Israël.

Plusieurs familles menacées d’expulsion

Rassemblement pour protester contre l’expulsion de familles palestiniennes sur des terres revendiquées par des colons juifs dans le quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem, le 7 mai. Rassemblement pour protester contre l’expulsion de familles palestiniennes sur des terres revendiquées par des colons juifs dans le quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem, le 7 mai.

Pour la dernière grande prière du vendredi du mois saint, des dizaines de milliers de fidèles s’étaient rassemblés sur l’esplanade dans la journée. Puis plusieurs milliers sont demeurés sur place, afin de protester contre la menace d’éviction, par la justice israélienne, de plusieurs familles du quartier voisin de Cheikh Jarrah, au profit de colons juifs. Cette affaire empoisonne l’air de Jérusalem-Est depuis une semaine, et résonne loin dans les territoires palestiniens.

Après la prière du soir, la police israélienne a dit avoir riposté à des jets de pierres, de bouteilles et d’objets divers de la part de centaines d’émeutiers, sur l’esplanade. C’est alors que la journée a dégénéré, dans les violences les plus significatives autour des lieux saints depuis 2018 – les dernières avaient fait suite à l’annonce du déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem.

En ce soir de shabbat, les autorités israéliennes n’ont pas produit de parole officielle, hors d’un état des lieux policier. Ce silence est symptomatique. A Jérusalem depuis un mois, des violences locales s’alimentent les unes les autres sur fond de vide politique. Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, paralysé au bout de quatre élections législatives en deux ans (les dernières en mars), n’est plus qu’un organe de transition en sursis, qui se réunit fort peu, aux multiples chaises vides, et qui dépend d’alliés d’extrême droite de plus en plus vocaux.

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