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L’étonnant charter des « observateurs » français d’extrême droite pour le référendum de Poutine

Le député européen Thierry Mariani (RN), à Marseille, le 4 mai 2021. Le député européen Thierry Mariani (RN), à Marseille, le 4 mai 2021.

« Une leçon de démocratie ! » Lors de la conférence de presse qu’elle donne à Moscou, le 2 juillet 2020, Hélène Laporte ne cache pas son enthousiasme. La députée européenne du Rassemblement national (RN) vient d’assister en qualité d’observatrice au scrutin référendaire qui permet au président russe, Vladimir Poutine, de rester au pouvoir pour deux mandats supplémentaires, au-delà de 2024. Quelques heures plus tôt, le « oui » a été proclamé vainqueur, avec 77,9 % des voix.

Que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur les télévisions locales, ses collègues sont à peine moins élogieux. « Les règles sanitaires et électorales sont respectées. Stop aux “fake news” ! », tance Jean-Lin Lacapelle. « Un événement historique pour les Russes, avec une forte mobilisation », renchérit Virginie Joron.

Très médiatisée en Russie, la venue de représentants de l’extrême droite française à l’occasion de ce vote n’a rien d’un mystère. La plupart de ses participants s’en sont eux-mêmes fait le relais, et leurs conclusions ont contribué à légitimer un vote organisé hors de toute procédure habituelle et marqué par des fraudes record.

Enquête fouillée

Reste que le journal russe Novaïa Gazeta publie jeudi 6 mai une enquête fouillée révélant les conditions d’organisation de cette visite, conditions assez mystérieuses, et au minimum bien éloignées des standards des missions électorales classiques.

La particularité de la mission tient d’abord au scrutin organisé par la Russie le 1er juillet 2020 et au cours de la semaine précédente. Dès l’origine, les autorités avaient écarté l’hypothèse d’un référendum en bonne et due forme, pourtant prévu par la Constitution, mais aux règles trop contraignantes, notamment en matière d’observation électorale.

A la place, une procédure ad hoc a été conçue, sans possibilité d’un débat entre le « oui » et le « non », et qui a permis toutes les fantaisies. La mesure principale, la « remise à zéro » des mandats présidentiels, était noyée dans une longue liste de 46 amendements constitutionnels touchant aux sujets les plus divers, comme l’interdiction du mariage entre personnes de même sexe.

Résultat : les étrangers invités n’ont pas été enregistrés comme des « observateurs », mais comme des « experts ». La Novaïa Gazeta en a identifié soixante – soit davantage que les conclusions émises par de précédents travaux. On trouve des membres du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), un député de la Ligue du Nord italienne, un psychothérapeute autrichien, des membres de partis prorusses de pays de l’ex-URSS, cinq Afghans…

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