Publié le : 06/05/2021 – 09:31
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, se rend jeudi au Liban alors que la France a annoncé la semaine dernière des sanctions contre des personnalités libanaises jugées responsables du blocage politique qui paralyse le pays du Cèdre.
Loin d’une simple visite de courtoisie, c’est un déplacement diplomatique tendu qui s’annonce pour le chef de la diplomatie française. Jean-Yves Le Drian se rend jeudi 6 mai au Liban, alors que Paris intensifie les pressions pour sortir ce pays d’une crise politique interminable.
Le « programme n’est pas stabilisé » mais le chef de la diplomatie rencontrera des personnalités libanaises, quelques jours après avoir annoncé des sanctions et alors qu’une plainte a été déposée en justice à Paris.
Désigné en octobre, le Premier ministre Saad Hariri n’a toujours pas formé de gouvernement. L’équipe actuelle, qui gère les affaires courantes, a démissionné en août après l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth qui a fait plus de 200 morts et des milliers de blessés.
Après avoir brandi la menace pendant plusieurs mois, la France a annoncé jeudi dernier avoir restreint l’accès au territoire français de plusieurs personnalités libanaises jugées responsables du blocage politique. Ni le type exact des restrictions, ni le nombre et les identités des personnes concernées n’ont été communiquées, une façon pour la France, allié historique du Liban, de laisser planer la menace sur l’ensemble de la classe politique locale.
Le pays du Cèdre traverse une crise économique très grave. La dépréciation de la livre libanaise, l’explosion de la pauvreté et du chômage, l’érosion du pouvoir d’achat et la précarisation provoquent la colère de l’opinion publique, avec des manifestations et des blocages de routes sporadiques.
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« Nous ne resterons pas inactifs »
Début avril, une centaine de personnalités libanaises avaient demandé au président français Emmanuel Macron le gel des actifs douteux de leurs responsables.
Lundi, l’ONG Sherpa qui lutte contre la grande délinquance financière, et le Collectif des victimes des pratiques frauduleuses et criminelles au Liban, constitué par des épargnants spoliés lors de la crise qui frappe le pays depuis 2019, ont par ailleurs annoncé avoir déposé une plainte auprès du parquet national financier à Paris.
Le gouverneur de la banque centrale du Liban, Riad Salamé, son frère Raja, son fils Nadi, son neveu et une proche collaboratrice, Marianne Hoayek, sont visés par cette procédure, qui réclame des investigations internationales pour « blanchiment et recel », « escroquerie », « pratiques commerciales frauduleuses » et « absence de justification de ressources », le tout en « bande organisée ».
Les associations demandent à la justice d’enquêter sur la fuite massive de capitaux libanais depuis le début de la crise, l’acquisition de patrimoine immobilier luxueux en disproportion avec les revenus des personnes visées, mais aussi sur la responsabilité des intermédiaires financiers, via des paradis fiscaux et des prête-noms.
« Je voudrais le redire ici : les responsables du blocage doivent comprendre que nous ne resterons pas inactifs », avait précisé la semaine passée Jean-Yves Le Drian, rappelant que Paris avait déjà engagé une réflexion dans le cadre de l’Union européenne sur les instruments utilisables « pour accroître la pression » sur les responsables visés.
Avec AFP
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