Dans la suite des jours de cette interminable pandémie, l’actualité cogne d’un bord à l’autre de la planète. Elle bouscule certitudes, idées reçues et jugements définitifs. De ces dernières semaines, on se risquera à tirer, prudemment, deux leçons – une américano-européenne, l’autre sino-indienne. La première plutôt rassurante, la seconde, de mauvais augure.
1. La séduction du « modèle européen »
C’est entendu : l’Union européenne (UE) a raté son opération vaccins. Mais hors de l’UE en Europe, la campagne de vaccination réussie par les Britanniques ne fait pas oublier les premiers errements de Boris Johnson. Si l’on cherche les bons élèves de la lutte contre le Covid-19 dans le monde démocratique, il faut aller loin, en Asie – à Taïwan, en Corée du Sud, au Japon. C’est entendu encore, l’UE, dans laquelle il faut trop souvent décider à l’unanimité, n’est pas faite pour les situations de crise. La machinerie bruxelloise est lente. Vingt-sept gouvernements démocratiques à mettre d’accord : le président américain n’a pas ce problème (voir la chronique de Sylvie Kauffmann dans Le Monde du 29 avril).
Mais au chapitre de l’accompagnement économique et social de la tragédie sanitaire, une leçon émerge qui devrait rasséréner les Européens. Que célèbre-t-on dans les cent premiers jours de Joe Biden sinon l’attraction du modèle européen ? Certes, les Etats-Unis savent vacciner 200 millions de personnes en trois mois. Certes, dans la forme, l’équipe de Biden a manifesté un admirable savoir-faire politique – sobre détermination, grande vitesse d’exécution –, assez rare en Europe.
Mais, sur le fond, de quoi s’agit-il ? La « synthèse démocrate » à la Biden, c’est un pas vers plus d’Etat-providence à l’européenne. Le président « profite » du drame du Covid-19 pour rapprocher l’Etat social américain de la moyenne européenne : aide à la petite enfance et à l’accès à l’enseignement supérieur, indemnisations-chômage, généralisation de l’assurance-santé.
Les comparaisons sont difficiles à établir. Tout compris, lutte contre le Covid-19 et réformes structurelles, Washington met 5 000 milliards de dollars (au bas mot, plus de 4 000 milliards d’euros) dans la balance. Les 750 milliards d’euros du plan de relance européen feraient grise mine ? C’est oublier deux choses. D’une part, la manne bruxelloise s’ajoute au plan de soutien, national, de chacun des Vingt-Sept ; d’autre part, les montants annoncés aux Etats-Unis correspondent en partie à des besoins déjà couverts par l’Etat dans nombre de pays européens.
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