Les économistes Olivier Blanchard et Jean Pisani-Ferry plaident pour un deuxième plan de relance d’au moins 50 milliards d’euros en France pour « rattraper complètement le terrain » économique « perdu d’ici la fin 2023 ».
Dans un article paru jeudi sur le site Le grand continent, les professeur au MIT et à Sciences Po Paris s’invitent dans le débat sur l’opportunité d’un deuxième plan de relance, ravivé par le président de la République Emmanuel Macron vendredi mais qui n’a pas la faveur de Bercy.
La priorité pour le ministre de l’Economie Bruno Le Maire reste en effet de dépenser les 100 milliards d’euros prévus, et dont environ 30 milliards ont été engagés.
Proches du président – Olivier Blanchard, associé à Jean Tirole, devant notamment rendre à Emmanuel Macron un rapport sur l’économie post-Covid -, les deux économistes proposent « une augmentation des dépenses par rapport aux plans actuels de l’ordre de 50 milliards d’euros, plus 10 milliards de façon contingente (et s’il le faut une diminution des revenus de la TVA), de 2021 à 2023 ».
« C’est un montant non négligeable, même si ça n’est pas d’un même ordre de grandeur que les trois plans Biden, qui sont en partie consacrés à remédier à des déficiences proprement américaines en matière de protection sociale, d’accès à l’éducation et d’infrastructure et ne nous paraissent pas nécessaires pour la France », ajoutent MM. Blanchard et Pisani-Ferry, qui ont critiqué l’ampleur des moyens déployés par Joe Biden, pointant le risque d’une surchauffe de l’économie.
En effet, en France, « les dispositifs de soutien au revenu des ménages et d’appui aux entreprises mis en oeuvre depuis le début de la crise sanitaire sont puissants, l’épargne est abondante et la levée des restrictions sanitaires devrait induire un rebond de la demande ».
Mais des incertitudes demeurent « du côté de la demande ». « On ne peut exclure (…) qu’une peur résiduelle et une incertitude quant à la récurrence des épisodes de contagion viennent freiner l’investissement des entreprises et la consommation des ménages », dont l’épargne de précaution devrait atteindre 160 milliards d’euros d’ici à la fin de l’année, un record.
Dans ce cas, « mieux vaut prendre le risque d’en faire (un peu) trop que celui de voir s’installer un cercle vicieux d’inquiétude sur l’emploi et de frilosité de la consommation », raisonnent les deux économistes.
Dans l’objectif que la France recouvre dès la fin de l’année son niveau d’activité de fin 2019, ils plaident donc pour une série de mesures conjoncturelles, dont un chèque de 350 euros pour les ménages gagnant moins de 22.000 euros par an, à compléter par une hausse de l’allocation de rentrée scolaire.
Puis, pour « retrouver pleinement le potentiel (de croissance) qui était projeté avant la crise », le 2e plan de relance serait axé sur la formation professionnelle, afin que la crise ne soit pas une « occasion manquée de renforcer les compétences ».
Il pourrait aussi servir à « renforcer l’appareil sanitaire, accroître les investissements éducatifs, promouvoir l’innovation de rupture en vue d’éviter un décrochage de l’Europe par rapport aux États-Unis et à la Chine, et amplifier la lutte contre le réchauffement climatique ».
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