Le lieu ne doit rien au hasard. La Virginie occidentale, où s’est ouvert lundi 3 mai le premier procès fédéral intenté à des distributeurs d’opiacés, est l’un des Etats américains les plus fortement ravagés par la crise sanitaire provoquée par les addictions aux médicaments antidouleur ces dernières années. Ce fléau, qui a provoqué la mort de 250 000 personnes entre 1999 et 2019, selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) s’est encore aggravé depuis le début de la pandémie de Covid-19. Les autorités sanitaires estiment que 90 000 personnes ont succombé à une surdose de drogue en 2020, contre 70 000 l’année précédente. Parmi ces décès, trois-quarts sont liés à une surconsommation d’opiacés légaux ou illégaux.
Après plusieurs procès avortés en raison d’accords financiers signés entre les plaignants et les producteurs ou distributeurs de ces médicaments hautement addictifs, la bataille judiciaire lancée par la ville de Huntington et le comté de Cabell fait figure de test pour les milliers de plaintes, toujours en suspens, déposées à travers le pays. Et son issue sera scrutée de près par les Etats, les villes, les comtés et les tribus à l’origine des procédures.
Les plaignants de Virginie occidentale espèrent obtenir 1 milliard de dollars de dommages des trois distributeurs, AmerisourceBergen, Cardinal Health et McKesson pour leur implication dans la « nuisance publique » due aux millions de doses d’opioïdes répandus sur le marché au cours des années 2000.
Dépendance à l’héroïne et au Fentanyl
Ces géants de l’industrie pharmaceutiques accusent, eux, les fabricants des médicaments et les médecins, prescripteurs, d’être les réels responsables de la surconsommation d’opiacés et de l’addiction des millions d’Américains à ces produits. Les entreprises soulignent en outre que les overdoses sont désormais en partie liées à des drogues (illégales) de synthèse, objets de trafic avec la Chine et le Mexique.
Les plaignants, de leur côté, leur reprochent de ne pas avoir signalé des commandes manifestement injustifiées. Dans certaines villes, comptant quelques milliers d’habitants, des millions de pilules étaient livrées aux pharmacies locales. Entre 2006 et 2014, les trois distributeurs ont livré 57 millions de doses d’hydrocodone et d’oxycodone sur un territoire de 100 000 personnes.
Enfin, les autorités locales rappellent que c’est bien l’addiction initiale aux médicaments antidouleur, – dont les prescriptions ont été davantage réglementées à partir de 2015 –, qui a débouché, pour des millions d’Américains, sur une dépendance à l’héroïne puis, plus récemment, au Fentanyl, une drogue de synthèse cent fois plus puissante et dévastatrice.
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