FactuelLe pays scandinave estime que la situation est désormais suffisamment sûre à Damas et dans sa région pour permettre le retour des réfugiés bénéficiant de la protection temporaire.
Sur la route de l’exil, ses compagnons d’infortune lui ont parlé de ce petit pays, dans le nord de l’Europe, qui « défendait les droits des femmes ». Mère célibataire, Rasha Kairout a fui la Syrie en avril 2015. Un voisin avait su que des policiers la recherchaient. Elle est partie avec ses deux enfants de 7 et 9 ans. Sur son téléphone portable, elle montre les photos de la barque gonflable à bord de laquelle ils ont traversé la Méditerranée. « Aucune mère ne prend un tel risque si ce n’est pour fuir un danger encore plus grand », assène-t-elle, cheveux cachés sous une casquette, le regard bordé de khôl.
Un mois plus tard, la famille posait le pied au Danemark. Enseignante à Damas, Rasha a appris le danois, s’est fait embaucher comme femme de ménage dans un grand hôtel de Copenhague. Puis, quand la pandémie de Covid-19 est arrivée, elle est devenue aide à domicile et s’est inscrite à une formation d’aide-soignante. Sa fille et son fils vont au collège. « J’ai fait tout ce qu’on attendait de moi, souffle-t-elle. J’avais même oublié que j’étais réfugiée. » Le 20 février, un courrier des services de l’immigration, l’informant que son permis de séjour ne serait pas renouvelé, lui a rappelé qu’elle n’était qu’une invitée au Danemark.
Selon les services de l’immigration à Copenhague, 505 réfugiés syriens, sur un peu plus de 8 000 arrivés en 2015, tous originaires de la région de Damas et bénéficiaires d’une protection temporaire, pourraient voir leur permis de résidence révoqué cette année. Les autorités danoises estiment que la situation à Damas et dans sa région est suffisamment stabilisée pour qu’ils puissent rentrer : « Les conditions générales dans les zones en question ne sont plus si extrêmes pour justifier à elles seules un permis de séjour », précisait le président de la commission des recours, Henrik Bloch Andersen, le 20 avril.
« Nous n’avons plus rien là-bas »
Joud et Tulip Bashour ont été convoqués en février, avec leurs parents, au centre de demandeurs d’asile de Sandholm, au nord de Copenhague, pour un entretien individuel. Visage poupon, Joud, 18 ans, a été interrogé pendant deux heures. « On m’a demandé pourquoi je refusais de faire mon service militaire en Syrie. J’ai répondu que je ne voulais pas tuer un autre être humain et encore moins pour un meurtrier comme Bachar Al-Assad. » Les autorités danoises ont jugé que ce n’était pas suffisant pour lui accorder l’asile, car le jeune homme n’a pas de frère : en théorie, les fils uniques échappent au service militaire en Syrie. Sauf qu’il n’y a aucune garantie et que la mère de Joud a eu un autre garçon, qui vit au Liban.
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