Pendant que Joe Biden enterre le reaganisme, une autre page se tourne dans le capitalisme américain. Warren Buffett, qui fut longtemps l’homme le plus riche du monde et possède encore la sixième fortune américaine avec 105 milliards de dollars (environ 87,2 milliards d’euros), s’apprête à tirer sa révérence. A 90 ans, il a enfin indiqué le nom de son successeur pour diriger le conglomérat Berkshire Hathaway : il s’agit de Greg Abel, un Canadien de 58 ans, qui dirigeait toutes les activités hors assurance du conglomérat.
« Les administrateurs sont d’accord sur le fait que s’il devait m’arriver quelque chose ce soir, ce serait Greg qui prendrait les manettes demain matin », a expliqué M. Buffett, lundi 3 mai sur CNBC. Diplômé en comptabilité de l’université d’Alberta, ce fan de hockey sur glace a rejoint M. Buffett en 2008. Il était, depuis 2018, en compétition avec Ajit Jain, responsable des activités d’assurance, pour le job de patron. Ce week-end, pendant l’assemblée générale de Berkshire, le compère de Warren Buffett, Charlie Munger, 97 ans, avait à moitié vendu la mèche : « Greg maintiendra la culture » de Berkshire Hathaway (650 milliards de dollars de capitalisation, 360 000 salariés dans 60 activités).
D’un autre âge
La réponse à cette question, en réalité, n’est pas évidente, tant le capitalisme de Warren Buffett semble d’un autre âge, ancré dans la révolution reaganienne des années 1980. Celui qui fut surnommé « le sage » ou « l’oracle d’Omaha », ville de bétail dans le Nebraska sur les rives du Missouri, fut de ceux qui secouèrent le capitalisme assoupi des années 1970, avec des conglomérats peu rentables, laissés aux mains de leurs managers. Buffett fut le chantre de la « shareholder value » , la maximisation des marges pour augmenter le retour aux actionnaires.
Pour cela, autant investir dans des entreprises qui écrasent leur marché, telles les boissons Coca-Cola, les rasoirs Gillette ou les piles Duracell. Si bien que, trente ans plus tard, Warren Buffett fut accusé par le Financial Times d’avoir créé un capitalisme de rente, alors que l’économie américaine devenait effectivement de plus en plus cartellisée dans tous les secteurs. Jusqu’au tournant du XXe siècle, Buffett n’investissait pas dans les hautes technologies, expliquant qu’il ne comprenait pas ce métier. Ce fut vrai jusqu’à ce qu’il jette son dévolu sur Apple, l’entreprise aux marges mirobolantes grâce à son iPhone.
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