Il l’a un peu mauvaise. Simon (le prénom a été modifié à la demande de l’intéressé), étudiant français résidant à Lille, s’est inscrit en médecine dentaire à Europe-Eduss, une école privée installée à Mouscron, en Belgique, à quelques kilomètres de la France. « J’étais très content d’être accepté. Il suffisait d’envoyer un dossier et une lettre de motivation. Mais j’ai vite changé d’avis, je suis tombé des nues », explique Simon, qui estime que la qualité « n’est pas au rendez-vous ». « On nous a vendu de petites classes, mais nous sommes nombreux. Les profs, en visio, lisent leurs diapos et ne nous aident pas. » Surtout, alors qu’il pensait être « 100 % sûr » de pouvoir exercer en France avec son futur diplôme, il a découvert que cette perspective serait soumise à une grande part d’inconnu.
Installée à Mouscron depuis 2019, Europe-Eduss attire des étudiants français avec une promesse : celle d’un « diplôme européen, reconnu en France », permettant à son titulaire d’exercer le métier de dentiste. « 98 % de nos élèves sortent diplômés », lit-on sur le site Internet de cette école, dont le campus est situé à trois kilomètres de la frontière française, à dix minutes de Tourcoing (Nord). Cette année, ils sont 80 inscrits en première année.
L’école cible des jeunes qui n’ont pas réussi à accéder aux études médicales en France : un créneau porteur, alors que la réforme de la première année des études de santé suscite de nombreuses déceptions et craintes chez les candidats, tout en maintenant un fort taux de sélection à l’issue de la première année. L’expatriation des « déçus » des études médicales en France n’a rien de nouveau. Chaque année, des dizaines de jeunes Français partent se former à la médecine ou à l’odontologie dans des cursus francophones en Roumanie, en Espagne ou encore en Hongrie, profitant de modalités d’accès plus avantageuses.
Europe-Eduss surfe sur cette tendance, proposant une formation de deux ans en Belgique suivie de trois ans à Malte, au sein de l’United Campus of Malta (UCM). Tout cela a un prix : chaque année passée à Mouscron coûte 12 342 euros aux étudiants – le plus souvent à leurs parents. Il leur faudra ensuite débourser 10 000 euros par an à Malte pour décrocher la timbale, le viatique censé ouvrir la voie vers le métier de chirurgien-dentiste : le diplôme.
Rapport de force acharné
Mais que vaut-il ? L’enseignement de cette école privée n’est pas reconnu par les autorités belges. Il ne donne accès à aucun diplôme belge, et n’est soumis à aucun contrôle. D’où le partenariat avec l’institution maltaise.
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