« La vaccination avance, les contagions baissent et les décès aussi », martèle le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO »), glorifiant sa gestion de la crise sanitaire alors que le Mexique recensait, lundi 3 mai, seulement 112 morts dus au Covid-19 en vingt-quatre heures. Un optimisme sévèrement contesté par un rapport encore confidentiel sur la surmortalité, que Le Monde s’est procuré. Ce dernier, élaboré par dix institutions sanitaires et statistiques, dont le registre national de population (Renapo) et la direction générale d’épidémiologie, révèle que le bilan épidémiologique s’élève en réalité à plus de 330 000 morts, bien davantage que les 217 345 décès officiellement comptabilisés lundi. Des experts vont plus loin, avançant un demi-million de victimes.
C’est le constat sans appel dressé par Hector Hernandez, sociologue à l’Université autonome du Mexique (UNAM) : « Le gouvernement minimise l’hécatombe à des fins politiques, dénonce le chercheur, qui étudie les actes de décès depuis le 18 mars 2020, date du premier mort attribué au Covid-19. Les chiffres officiels doivent être multipliés par 2,5 pour obtenir le bilan réel des décès. » Une surmortalité confirmée par le rapport qui n’a pas encore été rendu public.
L’analyse se base sur un comparatif annuel des certificats de décès. Ce dernier révèle que 329 965 Mexicains sont morts du Covid-19 jusqu’au 23 avril, soit 53,8 % de plus que le bilan officiel (214 504 décès) à cette date. Depuis, 2 841 morts supplémentaires ont été comptabilisés officiellement par le gouvernement, portant le chiffre réel à plus de 332 806 morts jusqu’au lundi 3 mai.
« Echec phénoménal »
Ce gigantesque réajustement ferait bondir le pays de 128 millions d’habitants de la quatrième à la troisième place mondiale en nombre absolu de morts devant l’Inde (222 408 décès, comptabilisés mardi par l’université John-Hopkins), derrière le Brésil (408 622 morts) et les Etats-Unis (577 523). Avec 2,3 millions de cas confirmés de contagion, le taux mexicain de létalité passerait ainsi de 9,5 % à plus de 14 %, un record parmi les pays de plus de 100 millions d’habitants.
« Cette différence colossale s’explique par la prise en compte des morts à domicile, dans la rue ou dans les transports publics », souligne M. Hernandez. Selon lui, la surmortalité est elle-même sous-évaluée : « Les causes de la totalité des 458 026 décès supplémentaires [toutes raisons confondues jusqu’au 23 avril] ne sont pas toujours identifiées par les médecins qui signent les certificats de décès. Sans compter les morts non déclarés par les familles. »
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