La crise libanaise va-t-elle s’inviter dans les prétoires français ? Alors que rien ne semble pouvoir arrêter l’écroulement économique et social du pays du Cèdre, deux plaintes pour des faits présumés de blanchiment et d’escroquerie, commis dans et à l’extérieur du Liban, ont été déposées dans l’Hexagone, auprès du Parquet national financier (PNF).
L’une et l’autre visent l’un des hommes les plus puissants du Liban : l’inamovible gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, 70 ans, en poste depuis 1993. Longtemps adulé pour sa politique de parité entre la livre et le dollar, qui a offert aux Libanais un niveau de vie inespéré dans les années 1990 et 2000, il est aujourd’hui voué aux gémonies par une grande partie de la population. Celle-ci le considère comme l’un des principaux responsables de la faillite de l’Etat et de l’effondrement de la monnaie nationale, qui a perdu 90 % de sa valeur face au billet vert depuis l’automne 2019 et fait basculer plus de la moitié des Libanais dans la pauvreté.
La première plainte, déposée le 16 avril par l’avocat Antoine Maisonneuve, émane de la fondation suisse Accountability Now, qui lutte contre l’impunité dont l’oligarchie politique et économique libanaise a toujours joui. La seconde a été déposée le 30 avril par les avocats William Bourdon et Amélie Lefebvre, pour le compte de deux organismes : l’association Sherpa, dont Me Bourdon fut le fondateur et le président pendant longtemps, qui est spécialisée dans la lutte contre la criminalité économique à travers le monde ; et le collectif des victimes des pratiques frauduleuses et criminelles au Liban, un groupement de Franco-Libanais déterminés à faire la lumière sur la corruption qui gangrène le pays.
« Un patrimoine de plusieurs centaines de millions d’euros »
Dans le document transmis au PNF, que Le Monde s’est procuré, ces deux organisations arguent que M. Salamé, qui possède la nationalité française, s’est constitué « un patrimoine de plusieurs centaines de millions d’euros » de manière illicite. Selon eux, le « montant disproportionné » de sa fortune personnelle, que ses salaires et traitements officiels ne sauraient justifier, « accrédite l’existence d’un blanchiment ».
Cette plainte met également en cause le fils de Riad Salamé, Nadi Salamé, 34 ans, qui a lui aussi la double nationalité, le frère cadet du gouverneur, Raja Salamé, 60 ans et sa plus proche collaboratrice à la Banque du Liban (BDL), Marianne Hoayek, 40 ans. Un trio associé de près aux innombrables investissements réalisés à l’étranger par le grand argentier libanais ces vingt dernières années.
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