Tribune. Allons-nous continuer à assister, impuissants, à ces crimes terroristes perpétrés par des Tunisiens, comme celui du 23 avril par Jamel Gorchène qui a sauvagement assassiné Stéphanie Monfermé, une agente administrative au commissariat de Rambouillet, dans le département des Yvelines ? Comme celui, encore, de la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption à Nice, en 2020, ou, en 2016, à Nice toujours, celui commis par un terroriste originaire du même village que Jamel Gorchène ?
Allons-nous continuer à subir l’embarras de nos autorités et des milieux bien-pensants sans agir fermement contre les promoteurs de la haine et de la violence jusqu’au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) de Tunis ?
L’un de ses députés, Rached Khiari, n’a-t-il pas justifié l’assassinat du professeur d’histoire Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine le 16 octobre 2020 sans être le moins du monde inquiété ? Seuls des acteurs de la société civile, en Tunisie et en France, ont réagi fermement et continuent de le faire.
Allons-nous continuer à intérioriser une culpabilité « collective » car ces crimes nous prennent pour cibles et nous tiennent en otages, étant commis en notre nom et au nom de la religion qui est la nôtre, l’islam ? Il s’agit là d’une double assignation.
Radicalisation à la tunisienne
D’un côté, l’injonction de nous aligner sur la communauté qui exonère l’islam de ces crimes en désignant les auteurs de ces attentats comme ultraminoritaires ! De l’autre, la sommation à choisir « son camp ». Celui du « pire » : la fabrique de la violence et de la haine. Ou du « moins pire » : les politiques sécuritaires et répressives attentatoires aux droits et à la dignité des personnes, bien souvent génératrices d’une violence dite légitime qui, à son tour, alimente la contre-violence terroriste.
Expliquer le profil, les ressorts et les circonstances ne suffit pas. Il faut comprendre que le mal est aussi et d’abord en nous. On assiste depuis l’avènement, en 2011, du « printemps tunisien » à une sorte de radicalisation à la tunisienne. Non pas que le phénomène n’ait pas existé avant, bien au contraire. Il a germé sous l’effet d’un double délitement : celui du lien social et celui du lien national.
Le djihad est devenu en quelque sorte une identité de substitution pour ceux qui ne se sentent plus d’identité, ces jeunes « hors circuit », exclus d’un système scolaire en crise (soit 100 000 chaque année), sans emploi et donc sans avenir.
Il vous reste 66.93% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
L’article Djihadisme : « Il faut mettre un terme au gâchis tunisien » est apparu en premier sur zimo news.